La cérémonie du lancement officiel de la rentrée académique 2022-2023 aura lieu ce mercredi 5 janvier 2022 à l’Académie de beaux-arts à Kinshasa. Comme à l’accoutumée, les membres de comité de gestion des différents universités et établissements d’enseignement supérieur y prennent part.
Pour cette année, en plus de se faire dans un contexte très délétère dans ce sous secteur de l’éducation, la cérémonie de rentrée académique va sûrement, selon les observateurs, attisser la crise déjà vive à l’ESU. En toile de fond, l’invitation lancée aux membres des comités de gestion récemment nommés par Muhindo Nzangi et ce, malgré la surseance de ces nominations par le Premier Ministre Sama Lukonde. Cerise sur le gâteau, Muhindo Nzangi a également invité les membres des comités de gestion (encore ?) en fonction à la tête des établissements supérieurs. Des sources proches du ministre de l’ESU confient à POLITICO.CD que Muhindo Nzangi « ne va pas tourner la page de ses nominations en dépit de contestation ». C’est de la « rébellion », rétorque un gestionnaire d’un des établissements concernés par ce changement.
Un autre exemple de « rébellion » selon ce gestionnaire, est l’instruction prise par Mohindo Nzangi aussitôt son arrêté suspendu par le Premier Ministre. Fort de son expérience de près de 30 ans dans le secteur, cette source estime que le ministre Muhindo Nzangi ne devrait pas prendre cette instruction « car le Premier Ministre avait déjà réglé l’affaire ». Ceci, selon lui, est « un manquement grave et signe de rébellion contre la haute hiérarchie de tout un gouvernement ».
Frustration et polémiques
Bien avant la décision du Premier Ministre à surseoir les arrêtés de Muhindo Nzangi, ces nominations restent au cœur d’une forte dose de frustrations et de polémiques. À l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC) par exemple, la nomination du Professeur Jean Kambayi Mbwatshia au poste de Directeur Général a été boudé.
Des agitations également constatées et reconnues par Sama Lukonde qui les souligne dans sa note adressée à Muhindo Nzangi, notifiant sa décision de surseoir cet arrété ministériel qui désigne et nomme des Membres des Comités de Gestion de quelques Etablissements de l’Enseignement supérieur et universitaire.
Des « inconnus sans qualité » promus
Comme qui dirait, « il n’y a pas des crimes parfaits », l’arrêté nommant les nouveaux comités de gestion comporte des « irrégularités » selon le réseau des associations des professeurs d’universités du Congo. Ils soutiennent même que ces nominations sont « en violations des textes légaux. Des faits démontrent que le clientélisme, le tribalisme et le népotisme sont aujourd’hui avérés ».
À titre illustratif, le média en ligne OKAPINEWS.NET, bien entré à l’ESU, cite le cas de mademoiselle Kavugho Kachelewa Pascaline, vingtaine révolue, licenciée en Coupe couture, figure parmi les « inconnus promus sans qualité, ni expérience par l’actuel ministre de l’ESU ».
« Elle est originaire du Nord-Kivu, plus précisément de Butembo. Cette demoiselle est nommée Administrateur de Budget de l’Institut Supérieur des Arts et Métiers (ISAM) dans la nouvelle mise en place de Muhindo », ajoute OKAPINEWS.
Présentée comme assistante à l’ISAM alors « qu’aucune décision de l’actuel comité de gestion n’est visible par rapport à cette nomination, Muhindo colle à cette demoiselle un numéro matricule non reconnu par le secrétariat général à l’ESU ».
Ces affirmations sont confortées par une source proche du comité de gestion de l’ISAM qui explique que Mlle Pascaline Kavugho « vient à peine de finir sa licence en Coupe et couture. Elle n’est pas assistante. Il faut une rencontre des membres de comité de gestion élargie aux différents services de l’établissement pour décider des cas de ceux qui ont distingués. Et cette réunion n’a pas encore eu lieu pour décider sur les cas des nouveaux diplômés. Depuis plus de trois ans nous n’avons plus engagé des assistants ».
À la lumière de ce qui précède, la même source estime que le ministre devrait également être « poursuivi pour faux et usage de faux ».
« Embarrassé »
La surseance par le Premier Ministre de l’arrêté de Muhindo Nzangi est intervenue alors que les promus s’apprêtaient à entrer en fonction. « Cette décision a embarrassé » le ministre, explique à l’anonymat un inspecteur à l’ESU.
Ainsi, certains corps académiques et scientifiques des établissements exigent simplement la suppression totale et impérative du « fameux » arrêté et souhaitent que nomination s’il y aurait, que les « fils maison » soit promus pour « mieux gérer et résoudre les problèmes internes de chaque établissement ».
Grève sèche
Après évaluation de leurs conditions de vie et de travail, les professeurs d’universités publiques de la RDC ont, dans un communiqué de presse signé le lundi 03 janvier 2022, par l’Association des professeurs des établissements de l’enseignement supérieur et universitaire (RAPUCO) annoncé un mouvement de grève générale et sèche dès la rentrée académique prévue ce 05 janvier 2022.
Cette décision a été prise à l’issue d’une évaluation faite autour de l’évolution des démarches entreprises auprès des instances de la République habilitées en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Également, pour examiner les récentes nominations effectuées dans certains établissements par le Ministre Muhindo Nzangi et abrogées par le Premier ministre.
Par ailleurs, le RAPUCO affirme rester ouverte à tout échange de nature à apporter des réponses concrètes aux revendications légitimes des professeurs.