Les violons ne s’accordent pas entre le gouvernement et la commission électorale nationale indépendante CENI, organe chargé d’organiser les élections en République Démocratique du Congo.
Alors que le président de cette institution d’appui à la démocratie Denis Kadima affirme n’avoir reçu « aucun » centime en terme de financement pour les préparatifs du processus électoral, le gouvernement par le canal de son ministre des Finances, Nicolas Kazadi contredit et dévoile que le gouvernement a déjà déboursé près de 37 millions de dollars en faveur de la CENI.
Le ministre Kazadi, qui réagissait aux propos du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Dénis Kadima, accusant l’argentier national d’être à la base du retard enregistré dans le décaissement des fonds publics en faveur de cette institution citoyenne, a indiqué que M. Denis Kadima n’est pas au courant du mécanisme et timing du financement.
Il a soutenu que les dépenses déjà effectuées par le gouvernement au profit de la centrale électorale s’élève à 2,9 millions USD au titre des frais d’installation et de fonctionnement pour la nouvelle équipe qui venait d’être mise en place le 2 décembre 2021.
« Nous avons payé plus de 21 milliards de FC, environ 10 millions USD dollars pour apurer tous les salaires des employés de la CENI », a affirmé le ministre des Finances Kazadi, qui ajoute qu’au courant du même mois de décembre, le gouvernement a payé 4,5 milliards FC au titre du fonctionnement de la CENI dans le cadre de l’exercice budgétaire.
Le ministre a, à ce sujet, donné d’autres détails, précisant qu’en date du 11 février 2022, le gouvernement a payé 21,7 millions USD au titre de dotation pour les opérations électorales et le frais de fonctionnement.
« Sur les 100 millions des dollars américains mis de côté l’année dernière, le gouvernement a déjà exécuté le décaissement à hauteur de près de 40% pour le compte de la CENI en un mois et demi », a-t-il précisé.
Surfacturation
Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi dénonce une tentative de surfacturation en ce qui concerne l’exigence de la CENI pour la mobilité des membres du bureau.
« Nous avons dans le pipe, une dépense d’environ 1,6 millions dollars pour les véhicules de la nouvelle équipe du bureau. Cela devrait être payé au moment de la première dotation de fonctionnement. Nous nous sommes réservés de le faire parce que la CENI nous a envoyés les cotations des véhicules qui n’avaient rien à voir avec ce à quoi ils avaient droit de part leur ordre protocolaire ; et également les prix pratiqués étaient de 30 à 40 fois supérieurs que les prix les plus élevés qu’on pouvait rencontrer sur les marchés », a dit Nicolas Kazadi sur les antennes de Top Congo.
Comme solution palliative, le ministre des finances a préconisé un paiement direct auprès des fournisseurs avec de vrais prix.
« Nous avons estimé que nous ne pouvons pas donner suite à cette dépense et nous avons préféré faire un paiement direct auprès des fournisseurs aux vrais prix…. cela a poussé la CENI à penser que nous entachions son indépendance et son autonomie. Ce qui est une conception totalement erronée. Nous n’avons aucune intention, aucune raison de vouloir nous substituer à la CENI », a-t-il ajouté.
L’IGF s’invite
A la demande du ministre des Finances, l’inspection Générale des Finances a annoncé une mission de contrôle de toutes les opérations de la commission électorale nationale indépendante pour passer au peigne fin toutes les opérations financières.
Dans sa mission de contrôle, l’équipe de l’IGF veillera « à chaque décaissement, de la transparence et de l’affectation réelle des fonds décaissés ». Ce qui, selon toujours Jules Alingete, permettra de « découvrir des choses. Nous allons donc empêcher que les fonds décaissés par le gouvernement puissent prendre d’autres destinations ou être mal affectés ».