Connu des derniers jours de Joseph Kabila pour ses mobilisations à travers les rues du pays pour réclamer des élections, la Comité Laïc de Coordination refait à nouveau parler de lui, en tentant cette fois de coaliser les opposants congolais contre le président Félix Tshisekedi.
Le timing n’est pas anodin. Le Comité Laïc de Coordinidation refait surface à Kinshasa, aux lendemains d’une cérémonie réligieuse qui n’a pas encore cessé de faire parler d’elle, où le cardinal catholique Fridolin Ambongo est allé jusqu’à appeler ses fidèles à soutenir l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle prochaine. Dans un communiqué, cette organisée qui militait jadis contre Joseph Kabila hausse étrangement le ton contre Félix Tshisekedi. « Le CLC rappelle à nouveau que les élections ne sont la propriété privée ni du Président de la CENI, encore moins celle du Président de la République et de son camps politique, mais bel et bien l’expression de la souveraineté du peuple », dit-il. « Ce peuple doit être respecté dans ses droits, car ayant payé au prix du sang son droit constitutionnel de désigner librement ses dirigeants.”
Denis Kadima, président de la Commission électorale, venait pourtant de confirmer la tenue des élections dans le délai constitutionnel. De son côté, le président Félix Tshisekedi, depuis sa tournée en Chine, avait tenu une conférence de presse pour dénoncer l’attitude de l’opposition, affirmant que cette dernière de « savait pas ce qu’elle voulait », confirmant par ailleurs la tenue des élections dans le délai. Toutefois, l’opposition, notamment la coalition autour de Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata et Delly Sesanga, tout comme la coalition de Josepj Kabila, le Front Commun pour le Congo, dénonce ce processus, accusant le président sortant de préparer sa réélection.
Le CLC n’a pas seulement épinglé le processus électoral. Il s’attaque ouvertement au parti au pouvoir, reprenant là encore les termes de la coalition d’opposition formée autour de Moïse Katumbi. “ Le CLC a constaté avec indignation et inquiétude la répression barbare ayant caractérisé la marche prévue par les forces de l’opposition ainsi que les organisations civiles qui y ont pris part (…) Des images choquantes et insoutenables ont heurté la sensibilité de toutes personne empreinte d’un minimum d’humanité. L’illustration la plus extrême de cette dérive barbare c’est de voir des policiers brandir des machettes, accompagnés des groupes de jeunes, désignés comme « forces du progrès » branche du parti au pouvoir UDPS, porteurs de machette.”
Aucune manifestation n’est encore annoncé par cette organisation. Néanmoins plusieurs sources au pouvoir voient bien le CLC se mobiliser « au profit » de Moïse Katumbi. « Nous étions avec eux dans l’opposition et nous savons pour qui ils travaillent. Tout comme les Catholiques. Ils battent tous campagne pour Katumbi », dit un cadre du parti au pouvoir à POLITICO.CD. « Mais nous leur demandons d’attendre la campagne et d’arrêter de déstabiliser le processus. S’ils veulent vraiment des élections, qu’ils aillent battre campagne pour leur candidat et on verra bien qui va gagner. Des magouilles ne serviront à rien« , dénonce ce cadre qui a requis l’anonymat.