Dans le but de garantir l’indépendance de l’enquête sur le meurtre de l’ancien ministre des Transports, Voies et Communication, le député national Chérubin Okende, le gouvernement de la République démocratique du Congo a sollicité des États-Unis d’Amérique, de la Belgique, de la France et de l’Afrique du Sud, l’envoi des experts pour apporter leur expertise.
D’après une source diplomatique consultée par l’Agence congolaise de presse, c’est par le truchement du vice-premier ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumière, Peter Kazadi, que le gouvernement congolais a entrepris cette démarche.
La dépêche de l’ACP rapporte que la Belgique a confirmé avoir reçu cette correspondance. Au Quai d’Orsey, la demande a été également réceptionnée, a confirmé un fonctionnaire.
Le vice-Premier ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, n’était pas immédiatement disponible pour confirmer l’existence de cette correspondance.
« Nous avons écrit officiellement aux gouvernements belge et sud-africain pour qu’ils puissent nous envoyer leurs experts pour faire partie de la commission d’enquête sur l’assassinat du député national et ministre honoraire, Chérubin Okende », a fait savoir, pour sa part, une source du ministère des Affaires étrangères et Francophonie congolais.
« Les experts belges et sud-africains feront partie de la commission d’enquête qui sera mise sur pied pour élucider sur les circonstances de l’assassinat de Chérubin Okende », a ajouté la source.
Par ailleurs, l’agence belge de presse ( Belga) confirme que la Belgique a reçu depuis le même jour, la demande d’assistance judiciaire de la République démocratie du Congo pour faire la lumière sur cette affaire tragique.
« Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a confirmé lundi avoir reçu une demande d’assistance de la part du gouvernement congolais dans l’enquête sur l’assassinat du député d’opposition Chérubin Okende Senga, retrouvé mort à Kinshasa le 13 juillet dernier », note l’agence Belga qui précise que le ministre Van Quickenborne a en effet reçu la question de son homologue congolaise, Rose Mutombo Kiese.
« Ce soutien a été promis et a également été communiqué au gouvernement congolais. La nature exacte de cette assistance reste à discuter », a indiqué Belga.
Le corps sans vie du l’ex-ministre congolais des Transports, Voies de communication et porte-parole du parti politique de l’opposant Moïse Katumbi a été retrouvé, criblé de balles, le jeudi 13 juillet matin dans son véhicule abandonné sur la Route des Poids-Lourds, en plein centre-ville de la capitale Kinshasa. Jusqu’ici, les vrais mobiles de ce crime odieux n’ont pas encore été révélés.
Son parti politique Ensemble pour la République a dans une communication faite la semaine dernière, dénoncé la lenteur quant à la mise en place d’une commission pluridisciplinaire avec l’appui de l’expertise belge, sud-africaine et de la mission de l’ONU en RDC, Monusco.
« Avant que les preuves ne se dissipent, nous exigeons que cette commission d’enquête indépendante soit mise en place très rapidement. Le temps perdu sert aux assassins », a argué le secrétaire général de cette formation politique de l’opposition.
Entre temps, Ensemble pour la République a appelé la justice congolaise à se dessaisir de l’instruction du dossier car, le gouvernement ayant opté pour une expertise internationale.
Agitation et violation du caractère secret de l’instruction
Ensemble pour la République est également monté au créneau pour fustiger la démarche de la justice congolaise qui, à travers une conférence de presse a communiqué sur le déroulement de l’instruction. Le parti de Katumbi a accusé la justice de violation du caractère secret de l’instruction.
« L’autopsie n’a pas encore été pratiquée alors qu’elle est incontournable dans ce cas pour permettre de déterminer les circonstances de la mort, l’heure de la mort, la cause et les moyens utilisés pour causer la mort. Cette autopsie ouvrira les pistes vers les assassins et leurs commanditaires », a déclaré le secrétaire général de cette formation politique tout en précisant qu’en droit congolais et en matière pénale, l’instruction préparatoire de l’enquête est secrète.
Dans cette même perspective, Ensemble pour la République a déploré la « précipitation et l’agitation » avec lesquelles la justice congolaise a communiqué sur cette affaire.
« Il est tout à fait troublant que le maître de l’action publique en personne, ici le Procureur Général près la Cour de cassation, annonce une conclusion selon laquelle l’honorable Chérubin est mort par balles, sans autopsie et sans enquête sérieuse. Comment peut-on violer de manière aussi éhontée le sacro-saint principe du secret de l’instruction », a-t-il pesté.
En attendant la constitution de la commission mixte indépendante pour les enquêtes, Moïse Katumbi et ses affidés poursuivent leurs démarches auprès des chancelleries étrangères pour s’assurer que la vérité éclate et que les auteurs et commanditaires de ce meurtre répondent de leurs actes.