L’ONG Internationale Human Rights Watch a exprimé son satisfecit après l’annonce par l’Union Européenne (UE), des sanctions financières et des interdictions de voyager ciblées à l’encontre de sept ressortissants de la RDC, un rwandais et un Tanzanien, pour « des actes constitutifs de graves violations et atteintes aux droits humains » dans l’est de la RD Congo.
Particulièrement, Human Rights Watch a salué le fait que pour la toute première, l’Union Européenne ait sanctionné un officier rwandais, en la personne du capitaine Jean-Pierre Niragire, dit Gasasira, des Forces rwandaises de défense [Rwanda Defence Force, RDF] pour son implication dans le conflit déclenché par le M23.
Dans son rapport du mois dernier, le groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo a révélé que le capitaine Niragire a commandé « des forces spéciales de la RDF chargées de certaines opérations dans le Kivu à partir de mai 2022 dans le cadre de l’intervention directe du Rwanda en soutien à l’avancée du M23.
« Bien que le Rwanda soit impliqué dans le soutien à des groupes armés responsables d’abus dans l’est de la RD Congo depuis longtemps, c’est la première fois que l’UE sanctionne un officier rwandais », a réagi Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo .
Selon cette organisation des droits humains, cette décision montre que l’Union Européenne est enfin prête à aller au-delà de sa condamnation du soutien apporté par le Rwanda au M23 et la présence militaire rwandaise dans la partie orientale de la RD Congo et à envoyer un message ferme.
Nonobstant, HRW estime que l’Union Européenne devrait signifier qu’elle compte renforcer sa réponse et sanctionner les officiers rwandais les plus haut gradés, identifiés par les enquêteurs de l’ONU, afin de montrer que fournir un soutien aux auteurs d’exactions a un coût, quel que soit le rang ou le grade.
« De même, les sanctions européennes devraient être appliquées à des échelons plus élevés dans la chaîne de commandement de l’armée congolaise et viser les officiers de plus haut rang qui collaborent avec des milices responsables d’abus », préconise Thomas Fessy.
Examiner le cas du général Alex Kagame pour avoir dirigé plusieurs opérations rwandaises en RDC
Qui plus est, Human Rights Watch a exhorté l’Union Européenne à exprimer ses préoccupations auprès des autorités rwandaises au sujet du général-major Alex Kagame. Ce haut gradé de l’armée rwandaise a été nommé en juin, commandant de la force opérationnelle conjointe de RDF déployée au Mozambique, alors qu’il a dirigé plusieurs opérations des RDF sur le territoire congolais en 2022, selon les enquêteurs de l’ONU.
L’an dernier, l’UE a versé 20 millions d’euros en soutien aux opérations de l’armée rwandaise au Mozambique. « Cependant, toute contribution rwandaise au maintien de la paix ne peut être considérée séparément de sa complicité manifeste dans les atrocités commises dans l’est de la RD Congo », martèle Human Rights Watch.
Au cours de l’année écoulée, Human Rights Watch a interrogé plus de 200 personnes, dont des victimes et des témoins de crimes atroces perpétrés par le M23 soutenu par le Rwanda. « Les sanctions sont un outil important pour empêcher de nouvelles exactions, mais elles ne sont que le point de départ d’un processus nécessaire pour obliger les pires auteurs d’abus à rendre des comptes », rappelle le chercheur de cette organisation non gouvernementale.
La plupart des personnalités faisant l’objet de ces nouvelles sanctions sont des commandants ou chefs de groupes armés responsables d’exactions notamment le M23 soutenu par le Rwanda opérant dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.
Liste complète des individus sanctionnés par l’EU
La liste publiée la semaine dernière par le Conseil Européen mentionne Janvier Karairi de l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS) ; Michel Rukunda dit « Makanika » et Charles Sematama des Twirwaneho ; Justin Maki Gesi alias « le petit loup de la montagne » de la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) ; Bernard Byamungu du M23 ; Apollinaire Hakizimana des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR-FOCA) ; Ahmad Mahmood Hassan, également connu sous le nom de Jundi Abakwasi, ressortissant tanzanien des Forces démocratiques alliées (ADF) ; Colonel Salomon Tokolonga des Forces Armées de la RDC et le Capitaine Jean-Pierre Niragire, dit Gasasira, des Forces de défense rwandaises.