La Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’est nettement opposée à « l’audit citoyen » du fichier électoral voulu par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC). C’est ce qu’a laissé attendre Didi Manara, le deuxième vice-président de la CENI.
« La CENCO-ECC nous demande de cogérer le processus électoral. C’est une aberration. Nous ne pouvons absolument pas prêter l’oreille à leur demande d’audit citoyen », a tranché cette troisième personnalité de l’organe électoral congolais.
Didi Manara estime que les idées derrière cette requête des religieux sont animées par une mauvaise intention. « Elles exigent un audit, alors qu’il a déjà été fait. Celui-ci nous a permis d’aller au Parlement pour avoir la loi sur la répartition des sièges. La loi a été promulguée, la répartition des sièges faite, les candidats ont commencé à déposer leurs dossiers, nous avons déjà des candidats députés nationaux, c’est le tour des candidats députés provinciaux et conseillers communaux de faire le même exercice », a-t-il pointé.
Puisqu’il en est ainsi, « comment voulez-vous que nous puissions encore ouvrir la porte à un autre audit », s’interroge Didi Manara. « Imaginez, poursuit-il ses interrogations, que cet audit (citoyen) dise que le fichier n’est pas bon. Faudra-t-il rentrer à la case de départ ? C’est-à-dire, on ouvre un dialogue. C’est-à-dire que c’est le glissement qui ouvre la voie à l’illégitimité des institutions en place et c’est le chaos dans ce pays. Ce schéma là est proscrit ».
L’ex-président du groupe parlementaire PPRD et alliés à l’assemblée nationale s’est employé à rappeler qu’il y a quelque temps, cette même (mission d’observation électorale) CENCO-ECC voulait un dialogue le mois passé. « La même organisation a voulu d’un audit réalisé par des experts internationaux. Maintenant, elle ne parle plus d’audit externe mais d’un audit citoyen au travers d’un échantillonnage. Donc, ça évolue , elle n’est pas tout à fait stable », s’importune-t-il.
« Un triumvirat sous la houlette des lobbies »
Le deuxième vice-président de la CENI dénonce, par ailleurs, un certain magnétisme entre le Comité laïc de coordination (CLC), la CENCO et le M23 qui s’opposerait à l’idée d’une démocratie en République démocratique du Congo.
« Lorsque le CLC et la CENCO ont dit : allons au dialogue. Immédiatement une partie de l’opposition a dit la même chose, fort curieusement, le M23 a dit, exactement, la même chose, au même moment. C’est un triumvirat des gens qui sont sous la houlette de certains lobbies qui ne veulent pas de l’évolution de la démocratie dans notre pays », a soupçonné le vice-président Manara.
Au bout du compte, il professe le ressenti que ces deux églises sont des « véritables membres de l’Opposition ». C’est ce qu’il explique par le fait que la CENI ne reçoit que peu d’attaques venant des partis politiques que de la CENCO et de l’ECC.
« Il y a un ou 2 mandats, rappelle-t-il, un évêque avait même proclamé les résultats. Nous ne voulons pas répéter la même chose. Pour mieux nous accompagner, nous demandons à la CENCO-ECC de respecter leur propre code de conduite : respecter le rôle des autorités électorales à tous les niveaux et ne jamais s’immiscer de manière illégale ou de façon inappropriée dans l’administration des élections », a-t-il dit en conclusion.