La commission électorale nationale indépendante (CENI) a rendu publiques, le vendredi 11 août 2023, les listes provisoires des candidats aux élections législatives de décembre 2023 en République Démocratique du Congo.
Le processus de validation des candidatures comporte une nouveauté. Il s’agit du seuil de recevabilité des candidatures fixé à 60% c’est-à-dire pour qu’une liste d’un regroupement ou parti politique soit déclarée recevable par la CENI, elle doit contenir au moins 290 sièges sur 484 en compétition (16 candidatures réservées aux territoires de Masisi, Rutshuru et Kwamouth en proie à l’insécurité) à pourvoir aux législatives comme l’indique l’article 22 alinéa 4 de la loi électorale.
« Sont également irrecevables les listes du parti ou du regroupement politique qui n’auront pas atteint 60 % des sièges en compétition. Cette disposition s’applique aux élections législatives, provinciales, municipales et locales directes », explique cette disposition légale.
Sur les 117 regroupements et partis politiques qui ont déposé leurs listes pour les élections législatives, seulement 66 ont atteint le seuil de recevabilité. Cependant, aucun regroupement politique n’a aligné des candidats sur les 500 sièges à pourvoir.
Ce seuil de recevabilité instauré par le législateur pour diminuer le nombre des candidats aux législatives permet d’entrevoir à travers les 66 regroupements retenus pour la députation une autre bataille celle du seuil de recevabilité.
Du seuil de recevabilité au seuil de représentativité
Le seuil de représentativité d’1% aux législatives instaurées en 2018 consiste à attribuer les sièges au seul regroupement ou parti politique ayant atteint 1% des suffrages exprimés sur l’ensemble des suffrages valablement exprimés au niveau national (Cfr article 118 de la loi électorale).
Pour maximiser les chances d’obtenir plusieurs sièges, les Partis et regroupements politiques préfèrent aligner plusieurs listes dans le but d’avoir plusieurs députés de même obédience ou camp politique.
Ainsi, on constate que l’ancien Premier Ministre Adolphe Muzitu, a présenté 716 candidats aux législatives sur deux listes dont 301 estampillés « Nouvelle élan » et 415 candidats pour son regroupement politique « Mbonda ».
Du côté de l’Union sacrée de la nation, on s’aperçoit que l’UDPS aligne une liste de 459 candidats accompagnée d’autres listes d’obédiences Tshisekediste comme les Rassemblements des Démocrates Tshisekediste (RDT) et les forces politiques alliées à l’UDPS ( FPAU).
A cela s’ajoute le regroupement du Premier Ministre Sama Lukonde, Agissons et bâtissons, les partis et regroupements politiques des leaders de l’Union Sacrée comme AFDC-A, le MLC, l’UNC et ses alliés, etc.
Déjà en 2018 cette stratégie avait permis au FCC d’atteindre 341 députés grâce à plusieurs regroupements de cette obédience comme AAB et plusieurs autres commençants par la lettre A.
Toujours en 2018, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi avait obtenu plus de 70 sièges grâce à trois listes (le MSR, Ensemble pour la République et l’alternance pour la République) faisant de ce regroupement politique la première force de l’opposition à l’Assemblée nationale.
Cette stratégie se révèle encore plus opportune avec l’absence du FCC de Joseph Kabila et LAMUKA de Martin Fayulu qui libère de facto certains sièges électoraux dans différents fiefs de ces regroupements politiques qui ne prennent pas part aux élections.
Il reste à savoir si cette stratégie de duplication des listes de candidatures trouvera un écho dans les urnes au lendemain de la publication des résultats provisoires et définitifs des législatives du 20 décembre 2023.