Les associations des exportateurs de cacao et de café de la RDC (ASSECAF) ont révélé mercredi, que le pays perdait chaque année 60 millions de dollars américains en raison des exportations non contrôlés ou illicites de cacao sur le territoire national.
Ces entrepreneurs ont sollicité au gouvernement dans une note adressée au vice-premier ministre de l’Économie nationale Vital Kamerhe, de prendre des mesures fortes afin de décourager cette pratique. Ils ont manifesté leur regret du fait que ces pratiques dévalorisent leur métier. Cette révélation à été faite ce mercredi 23 août à Kinshasa.
« Le cacao est l’une des principales cultures de rente de la RDC, avec des milliers de familles dépendantes de cette industrie pour leur subsistance. Cependant, malgré des politiques gouvernementales visant à promouvoir le commerce équitable et le développement durable, le pays continue de faire face à des défis importants en matière d’exportations illicites de cacao. Ces pratiques jouent en notre défaveur, nous qui payons les taxes et les impôts au pays. Nous appelons l’Etat congolais à se lever pour mettre fin à ces pratiques préjudiciables à l’économie du pays », a déclaré Benjamin Kakule Munzenda, président national de l’Association des Exportateurs des Cacao et Café de la RDC (ASSECAF).
Les exportations illicites de cacao se produisent principalement en raison de la contrebande transfrontalière vers certains pays voisins à la RDC. Ces perturbations impliquent des conséquences graves sur l’assiette fiscale du pays.
« Les chiffres à notre possession se situent à plus de la moitié de la production du cacao congolais produit au Nord-Kivu qui se volatilise du fait des pratiques frauduleuses systématiquement organisées. Nous perdons au minimum 400 tonnes de cacao par semaine soit une valeur monétaire annuelle de 60 millions de dollars américains, car la tonne de cacao se vend à 3200 dollars sur le marché international », a déploré Mike Ntambwe, directeur général de l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX).
Le commerce du cacao et du café se fait rare au pays. Avec 80 % de terres arables, la RDC est loin d’occuper le rang des grands importateurs du cacao ou du café au monde. Les exportateurs attribuent cette faute à la fraude et la corruption démasquées au sein du système de commercialisation du cacao dans le pays.
« En Ouganda, il n’y a pas de taxes à l’exportation. On paie trop cher pour le cacao là-bas. Au Congo, par contre, nous avons plusieurs taxes et le transport à Mambasa coûte très cher. Nous essayons de lutter contre la contrebande qui cause une perte énorme pour le pays. Nous voyons qu’il y a suffisamment de potentiel pour la production qui est à 60.000 tonnes actuellement. Mais nous pouvons aller jusqu’à 300.000 tonnes/an, si cette exportation est bien contrôlée », a indiqué le directeur général de ESCO KIVU, Philip Betts.
Ces pratiques illégales ont des conséquences désastreuses pour l’économie du pays, privant les producteurs et le gouvernement de revenus essentiels pour son économie. Ils demandent d’être repris dans leur droit pour exercer convenablement leurs activités.
« Au-delà de ce que la loi prévoit, il y a d’autres services qui surchargent les exportations et les entreprises avec des taxes qui ne sont pas légalisées. C’est aussi une lutte que nous menons pour pousser le gouvernement à balayer toutes ces taxes illicites », ont-ils renseigné.
Les exportateurs de cacao et de café de la RDC ont lancé un appel pressant au vice-premier ministre Vital Kamerhe, responsable du développement économique, pour qu’il prenne des mesures fortes afin de mettre fin à ces exportations illicites. Ils demandent qu’ une action immédiate soit menée pour renforcer les contrôles aux frontières, lutter contre la corruption et la fraude, et améliorer la transparence dans le système de commercialisation du cacao.