Le ciel de la République démocratique du Congo s’est assombri. Depuis le lundi 11 septembre, Congo Airways, l’unique compagnie aérienne de l’Etat, a annoncé la suspension temporaire de toutes ses activités pour des raisons visiblement de maintenance de sa flotte constituée de deux avions opérationnels. Oui, deux avions pour desservir plus au moins 100 millions de congolais avec des vols interprovinciaux.
Au moment de l’annonce de cette décision, la direction générale de Congo Airways ne parlait pas directement d’une « faillite ». Dans son communiqué, Congo Airways évoquait la « réorganisation » de ses outils d’exploitation dans le souci de garantir la sécurité de ses passagers conformément aux normes de l’Association du transport aérien international (IATA) qui est l’association professionnelle des compagnies aériennes du monde entier, représentant quelque 300 compagnies aériennes, soit 83 % du trafic aérien total dont elle fait partie et du fait de ses certifications IOSA.
« Congo Airways étant membre d’IATA, nous avons des normes à respecter. Le risque doit être évité. C’est après une évaluation des risques que nous avons été poussés à prendre cette décision. Mais, nous espérons dans les jours qui suivent, pouvoir trouver une solution », a argué le directeur général de Congo Airways, José Dubier Lueya complété par le ministre des Transports, voies de communication et de Désenclavement, Marc Ekila Likombio qui parle d’une question de « régularisation du contrôle » au niveau des avions, mais aussi la question de la relance de l’exploitation en termes de pérennisation.
Louer deux avions en attendant 14 millions USD pour l’achat de deux moteurs
Selon le DG de Congo Airways, les moteurs des 2 avions sont arrivés en fin de cycle quasiment au même. Il en faut 14 millions USD pour les deux moteurs sur chaque avion, 28 millions en tout pour les 2 appareils. « Quant au 3ème aéronef, nous prévoyons de le remplacer par un appareil d’occasion qui coûtera au moins 5 millions », a expliqué José Dubier.
La compagnie nationale Congo Airways qui a suspendu ses vols nationaux depuis lundi dernier, a besoin d’au moins deux avions en location pour reprendre ses activités en attendant l’entretien de deux avions de sa flotte.
« Nous avons posé assez rapidement le contenu des besoins que nous avons pour relancer assez rapidement l’exploitation. Nous avons effectivement eu une oreille attentive. Nous espérons, en tout cas, que dans les jours qui viennent une solution va être trouvée pour permettre à la Compagnie de reprendre le réseau très rapidement par l’acquisition de deux avions en location pour nous permettre d’assurer la continuité de l’activité et continuer justement le processus d’amélioration des conditions de sécurité de notre exploitation qui, du reste, demeure le mot clé de notre exploitation : la sécurité d’abord », a-t-il indiqué.
Un plan de relance à plus de 33 millions USD
Selon José Dubier Lueya, à court terme, soit dans trois mois suivant la réception des fonds sollicités auprès du gouvernement, la société pourrait être en mesure de relancer certains Hub (destination ou point d’interconnexion) à l’intérieur du pays. À moyen terme, soit dans les six mois suivants, la société va pouvoir lancer des vols dans certains pays africains, plus précisément ceux de l’Ouest, avant de relancer plus tard ceux de l’Europe, et du Moyen-Orient.
A ce titre, il a promis de privilégier la relance des lignes extérieures. « Parce qu’à ce niveau, il n’y a pas de limitation en matière des prix », a indiqué le patron de la compagnie aérienne de la République démocratique du Congo.
« Lorsqu’on compare l’exploitation internationale et locale bien sûr qu’ il y a beaucoup plus de profit en international qu’en local. Nous menons justement une étude en ce sens-là pour aller très vite, de manière à ce qu’on puisse balancer les pertes en interne par la production de l’externe en attendant », a dit M. José Dubier Lueya estimant que dans une année, « la compagnie sera en mesure d’apurer toutes les dettes qui sont de l’ordre de près de 100 millions USD, et ce, après la mise en œuvre de son plan de relance. Ces dettes concernent le salaire des employés, les impôts et les taxes, ainsi que d’autres frais techniques ».
« Congo Airways est en crise d’avions depuis plusieurs semaines déjà. Parmi les trois avions dont elle dispose, deux ont un problème de moteur et le troisième appareil est en maintenance pour l’instant à Malte », a rappelé le directeur général. De ces aéronefs, il y a un de catégorie Q400 et deux qui sont de catégories A320.
En attendant la promesse de Félix Tshisekedi
En décembre 2019 devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi avait annoncé le plan d’acquisition de huit (8) avions neufs pour Congo Airways dans l’objectif de lui permettre de mieux desservir le Congo profond.
« Je me réjouis de la signature entre Congo Airways et Airbus pour l’acquisition de deux aéronefs neufs de type A 220-300 de 132 places chacun, deux aéronefs de type E-175 de 76 places chacun avec la société brésilienne Embraer et de deux aéronefs de type ATR 42-600 de 48 places chacun auprès de la société franco-italienne », indiquait le Chef de l’État.
Ces avions devraient faciliter la desserte domestique essentiellement pour le désenclavement des provinces nouvellement créées. « C’est un évènement important, mieux une fierté nationale d’autant plus que c’est pour la première fois depuis 30 ans que la RDC va acquérir des appareils neufs », déclarait-il sous les ovations des députés et sénateurs.
Pour l’instant, les millions de congolais devraient se contenter de quelques compagnies privées à l’instar de Compagnie Africaine d’Aviation, CAA qui n’a plus d’ailleurs que 3 petits appareils opérationnels, selon des sources internes.