C’est aux alentours de 23h10’ [heure de Kinshasa] que le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi a pris la parole, ce mercredi 20 septembre à New-York, au cours de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le départ de la Monusco, la situation sécuritaire dans l’Est du pays et les élections prévues en décembre, le Président de la RDC a tout brossé sur la tribune onusienne.
Le divorce entre les autorités congolaises et la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) est désormais consommé. Alors qu’il y a précisément trois semaines, Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères, saisissait – via un courrier – le président du Conseil de sécurité des Nations unies pour solliciter l’accélération du retrait de la Monusco ; Félix-Antoine Tshisekedi est venu enfoncer le clou qui met ainsi définitivement fin à une possible prolongation du mandat de la Monusco sur le sol congolais.
Dans son allocution à la tribune des Nations unies aux États-Unis, le Chef de l’État a clairement signifié qu’après plus de deux décennies de présence de la Mission onusienne en RDC, il est temps pour le pays de prendre « pleinement son destin en main » afin de devenir le principal acteur de sa propre stabilité.
« Nous sommes reconnaissants pour leur soutien et leur partenariat mais nous sommes également conscients que le retrait progressif de la MONUSCO est une étape nécessaire pour consolider le progrès que nous avons déjà réalisé […] Il est a déploré que les missions du maintien de la paix déployées depuis 25 ans en République démocratique du Congo n’aient pas réussi à faire face aux rebellions et conflits armés qui déchire ce pays, ni la région des Grands Lacs, ni à protéger les populations civiles », s’est indigné Félix-Antoine Tshisekedi.
La RDC en quête de nouveaux mécanismes de collaboration stratégique avec l’ONU
Le Président de la RDC estime ouvertement que le projet de retrait échelonné et responsable de la Monusco, annoncé depuis 2018 et dont le plan de transition a été voté en 2021, devient « anachronique » au regard de l’évolution des contingences politiques, sécuritaires, sociales actuelles.
« Il est donc illusoire et contre-productif de Monusco de s’accrocher au maintien de la Monusco pour restaurer la paix en République démocratique du Congo et stabiliser celle-ci. Par ailleurs, l’accélération du retrait de la Monusco devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens », a-t-il vivement martelé.
Pour lui, il est désormais temps pour Kinshasa d’explorer de nouveaux mécanismes de collaboration stratégique avec les Nations unies, davantage en phase avec les réalités actuelles.
« C’est pourquoi en ma qualité de garant constitutionnel de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’indépendance de mon pays, de la bonne tenue de notre nation ainsi que du bien-être de nos concitoyens, j’ai instruit le gouvernement de la République à entamer des discussions avec les autorités onusiennes pour accéléré de la Monusco de la République démocratique du Congo en ramenant ce début progressif de décembre 2024 à décembre 2023 », a-t-il conclu ce registre.
RDC-Monusco, une union qui battait déjà de l’aile
Les relations entre les différents gouvernements congolais et la Mission onusienne – installée sur le sol congolais depuis plus de deux décennies – ont commencé à se dégrader lors des dernières années du mandat de l’ex-Président, Joseph Kabila. Mais elle s’est intensifiée, avec l’administration Tshisekedi qui veut à tout prix obtenir son départ échelonné à partir de décembre de cette année.
Depuis plusieurs années, les différents gouvernements congolais reprochent toujours à la Monusco « l’inefficacité » de ses actions menées sur terrain, passant ainsi totalement à côté de sa mission principalement qui est de pacifier le pays. Entre le retour de l’activisme du M23 et l’accroissement de plusieurs autres groupes armés, en passant par le déploiement d’autres Forces pour pacifier l’Est de la RDC, le sort de la Monusco était déjà bien scellé en amont.
Pour rappel, en début de ce mois de septembre, Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères, avait saisi le président du Conseil de sécurité des Nations unies pour réitérer l’option levée par le gouvernement d’accélérer et d’avancer à la fin de 2023, le retrait échelonné, responsable et durable de la Monusco, par le Conseil dans sa résolution du 27 mars 2018 et dont le plan de transition élaboré a été adopté dans sa résolution du 20 décembre 2021.
Une demande à laquelle la Monusco, via son directeur des affaires politiques, François Grignon qualifiait « d’opportune », renvoyant à une forme de « précipitation » qui créerait un vide sécuritaire après le départ « anticipé » de la Force onusienne.
En réaction, le ministère congolais des Affaires étrangères avait, dans une communication faite le 07 septembre et consultée par POLITICO.CD, expliqué que les allégations de François Grignon allait « en l’encontre » de celles du Secrétaire général de l’ONU, qui a reconnu d’une part que « la Monusco n’est pas capable d’affronter les groupes armés, le M23 particulièrement » et a également constaté que « la situation sécuritaire et humanitaire ne fait que se détériorer chaque jour d’avantage dans l’Est du pays ».
« Il serait criminel et contre-productif de continuer à s’accrocher au maintien de cette Mission onusienne […] Certes, le retrait ne doit pas être précipité, mais ne doit pas non plus être retardé, ni gêné par des atermoiements ou faux-fuyants », indiquait cette communication du cabinet de Christophe Lutundula.