La République démocratique du Congo est non loin d’enregistrer un nouveau niveau record d’enfants tués, blessés, enlevés et confrontés à la violence sexuelle, pour la troisième année consécutive. Au premier semestre de l’année en cours, le pays a connu une augmentation de plus 40% de nombres de cas vérifiés par les Nations unies.
Selon ce rapport des Nations unies consulté par POLITICO.CD, l’intensification de la violence, les déplacements massifs et la proximité entre les groupes armés et les communautés ont entraîné au fil des mois, « une augmentation alarmante des cas de meurtres, de mutilations et d’enlèvements d’enfants en RDC ».
Pour l’ONU, le pays est en passe d’atteindre de nouveaux records depuis la mise en place du mécanisme de surveillance et de communication de l’information des Nations unies en 2005, et de dépasser les chiffres enregistrés en 2022, si la tendance haussière actuellement se poursuit durant la dernière partie de l’année 2023.
« J’ai rencontré des enfants qui ont survécu aux horreurs du recrutement et de l’utilisation par des groupes armés et au traumatisme indescriptible de la violence sexuelle – des atrocités que personne ne devrait subir, et encore moins des enfants », a témoigné Sheema Sen Gupta, responsable de la protection de l’enfance à l’UNICEF.
Poursuivant ses propos, cette diplomate onusienne a indiqué que ces témoignages « poignants » soulignent l’urgence pour le gouvernement d’intensifier ses efforts pour protéger les civils – en particulier les plus vulnérables, les enfants du pays – et les actions nécessaires de la part des partenaires et des donateurs pour être en mesure d’augmenter nos activités de prévention et d’intervention.
Plus de 3.000 violations graves sur des enfants enregistrées
A en croire les dernières données rendues publiques par les Nations unies, la RDC a connu une augmentation de 41% du nombre de violations graves vérifiées contre des enfants au cours du premier semestre de l’année en cours par rapport à la même période de l’année précédente.
« Il y a eu 3.377 violations graves contre 2.420 enfants pendant toute l’année 2022, d’après le rapport [Les enfants et les conflits armés] – Rapport du Secrétaire général », ont précisé les Nations unies.
Alors qu’en 2022, 1.545 enfants-dont certains n’ayant que 5 ans – ont été recensés comme ayant été recrutés et utilisés par des groupes armés ; le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les groupes armés ont augmenté de 45% au cours des six premiers mois de 2023. En même temps, les meurtres et les mutilations d’enfants ont augmenté de 32%.
« Les viols et autres actes de violence sexuelle contre les enfants ainsi que les enlèvements d’enfants sont également en hausse. En 2021 et 2022, la RDC a enregistré le plus grand nombre de cas vérifiés de violences sexuelles contre des enfants commises par des forces armées et des groupes armés », précise le rapport onusien, tout en indiquant que l’année dernière au moins 730 enfants ont été vérifiés comme ayant été enlevés, ce qui en fait le plus grand nombre d’enlèvements jamais vérifiés par les Nations unies sur le territoire congolais.
Depuis pratiquement une année, un total de plus au moins 1,5 million de personnes a été contraint à l’exode pour tenter sauver leur vie dans l’Est du pays où différents groupes rebelles s’affrontent, les éloignant de leurs maisons, de leurs moyens de subsistance et de leurs communautés, et les enfants de leurs écoles. A ce jour, le nombre total de déplacés dans l’Est a dépassé la barre symbolique de 6 millions.