Critiqué pour son passé « accablant » suite à son « activisme » dans plusieurs mouvements rebelles dans la partie Est de la RDC, Tommy Tambwe Ushindi a été évincé dans la soirée du jeudi 19 octobre, de la tête du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS).
Pour le remplacer, le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi a nommé, à travers une ordonnance lue à la télévision nationale, l’abbé Jean-Bosco Bahala Okw’ibala Lusheke, du diocèse de Bukavu dans la province du Sud-Kivu, comme nouveau coordonnateur national de cette structure ayant pour mission de ramener la paix dans l’Est du pays, notamment à travers la réinsertion sociale des ex-rebelles, tout en prenant en compte les aspects de relèvement communautaire et de stabilisation.
A ce poste, l’abbé Jean-Bosco Bahala Okw’ibala Lusheke sera secondé par William Kapuku Bwabwa, nommé coordonnateur national adjoint chargé de questions techniques et opérationnelles ; ainsi que Sylvie Kayomo Bay, nouvellement nommée coordonnatrice nationale adjointe chargée de questions administratives et financières.
Le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) a vu le jour, il y a plus de deux ans, après la fusion du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion en République démocratique du Congo (PNDDR) et du Programme de Stabilisation et Reconstruction des zones sortant des conflits armés (STAREC).
Tommy Tambwe et la nomination polémique au P-DDRCS
Tommy Tambwe Ushindi, 59 ans, ne faisait pas l’unanimité au sein de l’opinion nationale – plus particulièrement les groupes armés dont il était censé démobiliser – après sa nomination en août 2021, comme coordonnateur national du P-DDRCS.
En effet, pendant une dizaine d’années, ce dernier a assumé des positions clés et des prises de décisions directes au sein des hiérarchies de plusieurs groupes armés, accusés de crimes et de violations des droits de l’Homme dans l’Est de la RDC.
Entre 1996 et 2000, Tommy Tambwe Ushindi a d’abord été directeur chargé de la sécurité sous le régime du mouvement rebelle d’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), puis sous la rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Deux ans plus tard, soit en 2002, il deviendra ensuite vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu sous le règne du RCD, fonction qu’il quittera en 2004, au moment de sa nomination comme conseiller de la défense et de la sécurité du vice-Président de l’époque, Azarias Ruberwa.
Il a été toujours accusé par certains d’être « le financier des groupes armés à l’Est du pays », certains l’expliquent notamment par le fait qu’en 2012, cet ancien officier avait quitté la capitale rwandaise, Kigali, pour rejoindre officiellement le Mouvement du 23 mars (M23), pour en devenir par la suite, l’un des négociateurs clés.
Hormis les groupes armés, quelques personnalités publiques dont le prix Nobel de la Paix 2018, docteur Denis Mukwege, avaient ouvertement exprimé leurs indignations suite à la nomination de Tommy Tambwe Ushindi à la tête du P-DDRCS.
« Sa nomination encourageait tous les autres criminels qui sont encore dans la forêt à continuer à tuer, violer, détruire parce qu’ils savent qu’un jour la stratégie de destruction les amènera au pouvoir ou les conduira à occuper des postes dans l’administration, l’armée et la police », se plaignait en 2021 ce médecin congolais et responsable de l’hôpital de Panzi dans le Sud-Kivu.