L’année 2023 est électorale en République démocratique démocratique du Congo (RDC). À deux mois des scrutins attendus le 20 décembre prochain, le pays a déjà franchi le dernier virage du calendrier électoral. L’étape du dépôt des candidatures à la présidentielle, à la députation nationale et provinciale, des conseillers municipaux a aussi été bouclée. Des listes provisoires connues, celles des candidats présidents (24) ont été rendues publiques pas plus tard que ce jeudi 19 octobre.
Cependant, si tout semble prêt du côté de l’organe électoral national, il y a plusieurs irrégularités liées au présent fichier électoral dénombrées du côté la société civile du pays. En effet, la société civile Forces Vives de la RDC et ses partenaires alertent sur un fichier électoral « déclencheur du chaos » en lieu et place d’être une solution.
Réunis en date du mercredi 18 octobre à son siège social à Kinshasa, le bureau de coordination de la société civile Forces Vives et ses partenaires ont passé en revue l’ensemble des processus électoraux de 2006 à 2018 contenu dans le « référentiel » commun des acteurs de la société congolaise, élaboré avec l’appui technique de l’Union européenne fin 2019.
Comme tant de membres faisant partie de l’opposition, la plateforme non partisane a noté plusieurs raisons de frustrations en rapport avec le présent fichier électoral. Dénonçant d’emblée l’adoption cavalière de la loi organique de la CENI, la société civile Forces Vives conteste la désignation du président de la CENI qu’elle estime être en violation flagrante de l’article 12 de la loi organique.
À ces frustrations, la société civile Forces Vives de la RDC ajoute, entre autres, la nomination des personnes de la même zone linguistique aux postes ministériels directement concernés de très près du circuit électoral; la mauvaise qualité des kits d’enrôlement, monnayage de l’enrôlement; l’absence d’un fichier électoral audité et accepté par les parties prenantes ainsi que le refus d’affichage des listes des électeurs par bureau de vote.
Qui plus est, la société civile note l’ « opacité totale » dans la gestion des budgets électoraux depuis le début. Ces acteurs de la société civile s’indigne sur le fait que même l’Inspection générale des finances (IGF) n’a pas produit le résultat de son inspection en rapport avec ces matières.
Par conséquent, dans le contexte actuel, « les élections ne sont plus possibles », ont-ils indiqué dans le communiqué publié à l’issue de cette réunion. « Et si par impossible il y aurait une parodie d’élections », ajouté le communiqué, la société civile Forces Vives et ses partenaires disent réserver le droit de mobiliser la population pour contester ouvertement le résultat qui en sortirait.
Au-delà de toutes ces péripéties, ce qui semble encore les inquiéter c’est la léthargie du gouvernement face aux nombreuses revendications des organisations de la société pour le retour à la normale depuis 2021. Jusqu’à la plus récente manifestation du 20 mai dernier, « réprimée avec une brutalité sans pareille, bien que convoquée par l’Opposition ».
« Les congolais sont restés très longtemps sans comprendre les motivations réelles de certaines organisations internationales qui en dépit de plusieurs irrégularités, ont continué à apporter leur soutien à un processus électoral très mal engagé », renseigne le communiqué.
« Serait-ce pour précipiter la disparition de la RDC ? Au vu de tous ces signaux qui ne trompent pas, Denis Kadima ferait pire que Corneille Naanga, au risque de perdre tous les acquis de la démocratie obtenus au prix d’énormes sacrifices des congolais », ont argué les membres de cette structure citoyenne.
Par ailleurs, ils se réjouissent de la présence de la SADC qui est en pourparlers avec certains acteurs politiques autour des questions électorales. Et ils se disent prêts à donner leur lecture détaillée sur la conduite du processus électoral.