L’un des principaux candidats de l’opposition politique congolaise lors de la prochaine élection présidentielle prévue le 20 décembre, le gynécologue Denis Mukwege s’est fixé comme objectif primordial de ramener la paix dans la partie Est de la RDC, une fois élu Président de la République.
Celui qui a vécu et survécu quasiment aux deux guerres du Congo dans son Bukavu natal – chef-lieu de la province du Sud-Kivu – a révélé dans une interview accordée au magazine panafricain, Jeune Afrique, que la plus grande priorité de son programme électoral, censé être rendu public en ce mois de novembre, « est la paix ».
« Nous avons déjà échappé à plusieurs attentats. Les risques existent. Mais dans le balancier, comparé aux milliers de gens qui meurent tous les jours, leurs vies comptent plus. C’est une question de responsabilité », a expliqué le récipiendaire du Prix Sakharov 2014 .
Denis Mukwege s’est également montré très critique envers toutes les forces militaires étrangères se trouvant sur le sol congolais, qui selon lui, ont « largement échoué » dans la matérialisation de leur mission principale, qui est celle de ramener la paix dans cette partie de la RDC en proie aux conflits armés depuis trois décennies.
« Nous avons des accords bilatéraux avec le Burundi, le Kenya et l’Ouganda, ainsi qu’avec les troupes de l’EAC [ndlr. la Communauté d’Afrique de l’Est] et celles de l’ONU. Et avec tout ça, il n’y a pourtant toujours pas de paix. On crée un chaos inexplicable […] Certaines forces ne sont ici que pour le business », a-t-il dénoncé, tout en recommandant « une profonde réforme de l’armée », car pour lui, le pays a besoin d’une armée professionnelle, républicaine composée « de gens qui n’ont jamais été membres de groupes armés ».
Extrémiste et très critique à l’égard du Rwanda – accusé par le pouvoir de Kinshasa d’entretenir la guerre en soutenant le M23, le lauréat du Prix Nobel de la paix 2018 semble avoir mis un peu d’eau dans son vin et adopte désormais une posture plus « diplomatique » envers l’État agresseur de la RDC.
« Le Rwanda restera notre voisin. Il faut plus de transparence dans nos relations. C’est une relation de business très poussée. Il est possible de créer un climat où ce business permettra à tout le monde de gagner le prix de sa sueur », a-t-il expliqué à Jeune Afrique.
Dans l’Est de la RDC, le tandem M23-armée rwandaise (RDF) continue d’opérer en toute impunité, en causant notamment, au passage, plusieurs meurtres et violations des droits humains. Bien que la communauté internationale insiste sur une résolution diplomatique du conflit, à Kinshasa, la position du gouvernement congolais est très claire : « il est impossible de dialoguer et de trouver des solutions politiques, avec une force négative soutenue par un pays limitrophe ».
S’il compte bien ramener la paix dans cette partie de la République par les voies diplomatique ou militaire, en cas de victoire à la présidentielle, Denis Mukwege a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à ses fins. En effet, celui qui s’est à peine lancé dans la politique active compte sur une candidature commune de l’opposition qui permettra de renverser l’actuel Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi.
Cependant, bien que des tractations préliminaires existent entre les différentes forces politiques de l’opposition en RDC, dans tous les états-majors les armes continuent à être affûtées sans attendre qui que ce soit, à l’image de Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, et Augustin Matata Ponyo, ancien chef du gouvernement, qui ont déjà de manière respective présenté leurs équipes de campagne électorale.