Porté par ses militants, Jean-Marc Kabund est sorti triomphant du siège de son parti, l’UDPS. Après plus de 24 heures de « prise d’otage » la police a soudainement laissé partir les seize personnes jusqu’à lors cadenassées de l’extérieur. Sur place, personne n’a réellement su ce que voulaient les forces de l’ordre.
Pour comprendre ce qui s’est passé, il faudra revenir à l’aube de cette situation. Elle intervient après un bras de fer tendu avec les autorités au sujet des funérailles du leader de l’opposition Étienne Tshisekedi, dont l’enterrement à la permanence du parti est interdit par le gouvernement provincial. L’UDPS, habituée au forcing a même annoncé des travaux pour la construction d’un mausolée. La tension, toujours permanente ici à Limete, est montée d’un cran lorsqu’un camion et deux tentes du commissariat des forces de l’ordre situé juste en face ont été incendiés. Les autorités finiront pas accuser les militants de l’opposition.
Dans la foulée, le siège de l’UDPS est alors scellé par la Police de Kinshasa. Non content, Jean-Marc Kabund, Secrétaire général du parti d’Étienne Tshisekedi débarque avec une dizaine de ses partisans. Devant les policiers, le groupe demande à accéder à son siège. Une discussion s’ensuit, bousculade, le groupe finit par forcer l’accès. C’est alors que la police aura l’ingénieuse idée de cadenasser le portail de l’UDPS.
La Police n’a jamais communiqué tout au long de cet incident où l’attitude de ses éléments est sujet à questions. « Même un Colonel est venu leur demander d’enlever leurs cadenas, mais ils sont dit qu’ils recevaient leurs ordres d’en haut« , s’indigne le député Jean-Claude Vuemba.
Une vieille rancune des années 1990
L’opposition affirme qu’il s’agit des éléments de la Garde Présidentielle, l’unité d’élite de l’armée très redoutée dans le pays. En effet, les militants de l’UDPS, surnommés « les combattants » ont toujours posé problème au Pouvoir en place.
Dès les années 1990 même, la fameuse Brigade Spéciale de Recherche et de Surveillance (BSRS) du maréchal Mobutu en savait déjà quelque chose. Chargée d’investigations de police criminelle dans les cas d’infractions criminelles graves de droit commun, celle-ci s’est transformée en une police politique pour traquer les opposants. Et dans sa ligne de mire: les leaders de l’UDPS, mais aussi et surtout: les combattants. Des Zaïrois un peu « fous », qui sont prêts à mourir pour leur leader Étienne Tshisekedi, défiant les armes des hommes de Mobutu.
Vingt-sept ans plus tard, ces nostalgiques n’ont rien perdu de leur fougue et gardent toujours une dent contre le Pouvoir, qui n’aura jamais été démocratique. Le régime, malgré le renversement du Maréchal Mobutu, garde tout aussi la même détermination à étouffer les libertés individuelles. Dans ce contexte tendu, les Combattants et la Police s’affrontent dans une guerre inutile et sans merci.
Si les hommes du général Kanyama – redoutable chef de la Police de Kinshasa, sanctionné même par les Etat-Unis pour ses égarements – ont souvent abusé de leur pouvoir, ceux de l’UDPS non plus ne sont des enfants de chœur. L’après-midi du mardi 2 août 2016, la mort d’un jeune motard, dans ce qui était à l’origine une affaire banale, sera amplifiée, lorsque des militants de l’UDPS iront jusqu’à transporter sa dépouille à leur siège, le faisait passer pour un « combattant », provoquant des échauffourées avec la Police.
Dernier rempart contre l’absolutisme au Congo, ces militants redoutés n’hésitent pas à se mesurer aux policiers tirant à balles réelles. Dans les manifestations à Kinshasa, voir même à l’intérieur du pays, ce sont eux que le pouvoir redoute le plus. En septembre dernier, dans une manifestation demandant le départ du Président congolais, ils n’ont pas hésité à saccager les sièges de partis au pouvoir, causant la mort de plusieurs policiers. En représailles plusieurs sièges des opposants, dont celui de l’UDPS, seront incendiés, faisant plusieurs morts.
Dans cette lutte interminable, des dizaines, même des centaines d’entre eux sont morts. Aucun officiel de la Police congolaise, ni les autorités du parti politique, n’ont jamais été inquiétés dans ce qui peut-être considéré comme des assassinats. Le pouvoir du président Kabila qui continue de bafouer la démocratie et violer la constitution alimentent encore plus cette colère qui anime constamment les militants de l’UDPS, qui ne rêvent que d’en découdre avec les autorités.
Un commentaire
Une ingenieuse idee de cadenace la permanence de notre UDPS mr le journaliste? piete et honte a toi chantre de la tyranie. Aucunne armee n’est plus fort et plus puissant que le peuple. Kabila souffle politique naye TSHITSHI asilisaki yango le 31/12/2016: pas de changement de constitution meme par referendum, pas de representation possible pour lui aux prochaines elections meme si celles- ci se tenaient en 2019…