En marge de la célébration de la Pâques, l’archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo a peint un tableau sombre de la situation globale du pays, mettant un accent sur l’insécurité grandissante dans certains coins du pays.
Dans son homélie, le Cardinal Ambongo a non seulement déploré la passivité des autorités compétentes qui, selon lui, s’adonnent à des discours « inutiles », mais surtout « l’impuissance » de l’armée congolaise alors que des territoires congolais sont conquis par des forces négatives.
« Notre pays est aujourd’hui en agonie, un grand malade et quand un grand malade est dans un état de coma, il est dangereux de pronostiquer sur son avenir et aujourd’hui le Congo est dans cette situation du grand malade qui est presque dans un état comateux. Au-delà du discours que nous tenons ici, des discours complètement inutiles, la réalité est que les autres continuent à avancer et à occuper l’Est de notre pays. C’est une évidence pour la simple raison que le Congo n’a aucune force pour défendre l’intégrité de son pays… Ils sont en train de venir et nous tenons des discours ici comme si nous étions forts, la vérité c’est que le Congo n’a pas d’armée et c’est très grave pour une nation comme la nôtre », a-t-il argué.
Pour le Cardinal Ambongo, la RDC est dans un état « comateux » la rendant « vulnérable » aux attaques d’où qu’elles viennent. Il estime que les premiers responsables sont congolais en posant des actes qui ne contribuent pas à l’éclosion de la paix.
« … Nous constatons que ceux qui viennent de l’extérieur peuvent se permettre de jouer avec la nation congolaise parce que la cause principale de notre malheur, la cause première de manque de paix dans notre pays ce ne sont pas les gens de l’extérieur, ce ne sont pas les étrangers, ce n’est pas le méchant Rwanda c’est d’abord nous les Congolais. Notre irresponsabilité a fait que nous posons aujourd’hui des gestes qui ne permettent pas l’éclosion de la paix dans notre pays », a-t-il pesté.
La diatribe de l’archevêque catholique intervient alors que plusieurs rapports dont ceux des experts de l’ONU confirment le soutien du Rwanda au M23, un mouvement terroriste qui contrôle de larges pans de terre dans la province du Nord-Kivu.
En dépit de la détermination des forces armées loyalistes, ce mouvement supplétif de l’armée rwandaise continue à attendre sa zone d’influence dans cette province riche en ressources naturelles et envisage même de progresser vers l’autre province sous état de siège, l’Ituri.
La semaine dernière, au cours d’un briefing avec la presse, le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a révélé que la coalition M23, RDF et l’AFC de coordonnée par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa prépare un plan de déplacement du Nord-Kivu vers l’Ituri pour « congoliser » l’agression rwandaise
« Il faut informer nos compatriotes sur l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui a déclaré s’allier avec le M23. Qu’est-ce que cela signifie ? Il prépare actuellement un plan pour se déplacer du Nord-Kivu vers l’Ituri. Nous savons qu’il y a des personnes qui sont formées quelque part dans ce complot, dans cette machination, pour relier les deux groupes et ainsi prétendre que, voyez, ce n’est pas un problème du Rwanda, mais une affaire entre Congolais eux-mêmes qui s’étend maintenant à l’Ituri », a fait savoir Christophe Lutundula.