Les déclarations du secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) accusant Joseph Kabila de soutenir le M23 font réagir officiellement le gouvernement congolais.
Lors d’un point de presse, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya a invité tous ceux qui défendent la démocratie en RDC à se prononcer face à cette situation.
Bien qu’il se soit abstenu de commenter directement les accusations de ce proche du Président Tshisekedi contre Joseph Kabila, le porte-parole a toutefois exigé une « réaction musclée » face à de tels agissements, qui viennent « éveiller les soupçons » sur leurs commanditaires.
Patrick Muyaya a estimé qu’il était impératif de condamner clairement le recours aux armes par des Congolais, ainsi que les agissements du M23 soutenu par le Rwanda qui causent l’instabilité dans l’est du pays. Il a dénoncé ceux qui s’allient à celui qui tue d’autres congolais.
« Concernant les propos du secrétaire général de l’UDPS, généralement, nous nous réservons de commenter dans ce cadre les activités politiques, mais il y a un fait à souligner : aujourd’hui, tous ceux qui sont attachés à la démocratie, pour tous ceux qui défendent les principes pour lesquels les pionniers de l’indépendance sont morts, doivent se prononcer lorsque des compatriotes pensent qu’ils doivent recourir aux armes, et lorsque nous voyons que ceux qui ont adhéré, trois ou quatre, viennent d’un même parti politique, j’ai cru entendre qu’il y avait une réaction, mais il faut une réaction plus musclée, car sinon, ils vont éveiller les soupçons des services pour retracer les responsabilités », a déclaré Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.
« Il faut faire attention à distinguer ce qui est frustration d’ordre politique de ce qui est une activité visant à tuer les Congolais, car une agression, c’est tuer des femmes, ce sont nos femmes qui perdent le plus de vies », a-t-il ajouté.
Interrogé sur l’adhésion de quelques jeunes du PPRD à l’Alliance du fleuve Congo, le porte-parole a minimisé leur nombre et jugé leur démarche injustifiée au regard de l’agression en cours. Du côté du PPRD, on s’est désolidarisé de ces membres tout en considérant leur choix comme une liberté individuelle.
De la hiérarchie du PPRD à la brousse
Deux cadres du Parti pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), affilié à l’ancien président Joseph Kabila, ont récemment fait allégeance à l’Alliance Fleuve Congo (AFC), mouvement rebelle dirigé par Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Cette adhésion s’ajoute à celle d’autres membres qui ont rejoint les rangs de l’AFC.
Henry Maggie Walifetu et Yannick Tshisola, tous deux membres de la Ligue des Jeunes du PPRD, sont apparus dans une vidéo vêtus de treillis aux côtés de Corneille Nangaa lors d’un rassemblement à Kiwanja, une zone sous le contrôle de la rébellion du M23. Ils ont rejoint Adam Chalwe, un ancien cadre du PPRD qui avait rallié l’AFC en janvier, ainsi que Jean-Jacques Mamba, qui a récemment quitté le Mouvement de Libération du Congo (MLC) pour rejoindre les rangs de l’AFC.
Les motivations derrière ces ralliements restent floues, mais elles pourraient être liées à des divergences politiques, à des aspirations personnelles ou à des désaccords avec la direction actuelle du PPRD. Cependant, le PPRD a rapidement pris ses distances vis-à-vis de ces anciens membres qui ont rejoint la rébellion de l’AFC. Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD, a déclaré lors d’une interview que les personnes qui ont rallié l’AFC ne représentent plus le parti de Joseph Kabila.
Il a souligné que le PPRD reste fidèle aux positions défendues par son président fondateur, Joseph Kabila Kabange, et que les individus qui rejoignent d’autres formations politiques le font de leur propre chef et n’engagent pas le parti. Il a également précisé que le PPRD n’a pas de jugement à faire sur les choix individuels de ces personnalités.
« C’est Kabila derrière la création de l’AFC de Nangaa »
Entre-temps,du côté de l’Union pour la démocratie et le progrès social, parti présidentiel, ces adhésions ne font l’ombre d’aucun doute, M.Kabila est celui qui soutient la rébellion du M23, un groupe armé qui a fait résurgence en 2021.
Le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), principal parti politique de la coalition au pouvoir en RDC, a accusé ce week end l’ancien président Joseph Kabila d’être responsable de la situation d’insécurité qui prévaut actuellement dans la province du Nord-Kivu.
S’adressant à des membres de son parti réunis au siège central de l’UDPS à Kinshasa, Augustin Kabuya a déclaré que Kabila serait à l’origine des troubles qui secouent cette région de l’est du pays depuis des années. Il a affirmé que l’ex-chef d’Etat avait quitté le pays de manière discrète, et que les services d’immigration connaissaient les détails de son départ.
Kabuya a demandé aux autorités de préciser la date et le pays d’enregistrement de la sortie de Kabila. Il a par ailleurs indiqué détenir des informations selon lesquelles l’ancien président aurait demandé à l’un de ses proches, Nanga, d’obtenir un soutien financier et logistique d’un dirigeant africain pour déstabiliser la RDC.
« Retenez dans vos cœurs ceci, cette situation que nous traversons, c’est toujours Kabila qui est à la base de cette situation. Que ces hommes nous disent quel jour Joseph Kabila a quitté le pays. Qu’on nous dise c’est la DGM de quel pays qui a enregistré sa sortie du pays. Il savait très bien que ces hommes allaient faire ces choses. Kabila a demandé à Nanga, auprès d’un dirigeant africain, de les appuyer avec tous les moyens financiers et logistiques », avait-il affirmé.