Alors que les tractations sont toujours en cours pour l’élection et l’installation du Bureau définitif à l’Assemblée nationale, en attendant les élections sénatoriales, l’opposition politique, du moins parlementaire, affûte ses armes pour jouer son rôle dans la gestion de la res publica.
Tout est déclenché par l’appel lancé par Félix Tshisekedi, élu Président de la République à l’issue des élections du 20 décembre 2023.
En effet, lors de la cérémonie de son investiture, Félix Tshisekedi prononce un discours rassembleur après les tumultes qui ont émaillé la campagne électorale. Il appelle l’opposition à jouer son rôle de porte-parole dans la gouvernance du pays.
« Je saisis cette occasion pour accomplir mon devoir républicain, celui de saluer mes adversaires qui ont participé à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023. Ne dit-on pas que plus le combat est dur, plus la victoire est belle ? Vous êtes donc, mesdames et messieurs, une composante consubstantielle à l’événement de ce jour, et vous avez à juste titre, votre place dans la gouvernance de notre pays. En tant que garant de la cohésion nationale, j’y veillerai, au même titre que j’exhorterai le parlement à assurer l’effectivité du rôle de porte-parole de l’opposition que cette dernière voudra bien désigner et conformément à la constitution », avait-il lancé.
Nonobstant, avec une opposition la moins représentée particulièrement à l’Assemblée nationale et dont les opinions divergentes présagent la division, la question qui taraude les esprits curieux est de savoir : « Qui occupera le poste de porte-parole de l’opposition »?
A cette question, l’article 19 de la Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique dispose que « sans qu’il ne soit nécessairement parlementaire, le porte-parole de l’opposition politique est désigné par consensus, à défaut, par vote au scrutin majoritaire à deux tours, dans le mois qui suit l’investiture du gouvernement, par les députés nationaux et les sénateurs, membres de l’Opposition politique, déclarés conformément à l’article 3 de la présente Loi ».
Les députés et les sénateurs de l’opposition politique se réunissent, à cet effet, sous la facilitation conjointe des bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, à la demande écrite de tout groupe parlementaire ou politique de l’opposition politique, selon le cas.
« Le Président de l’Assemblée nationale notifie le procès-verbal de la désignation du porte-parole de l’opposition politique aux Institutions de la République. Le Règlement intérieur de l’opposition politique et le procès-verbal de désignation du porte-parole de l’opposition politique sont publiés au Journal officiel de la République », stipule l’article 20 de cette loi.
Si Katumbi n’est pas porte-parole, c’est lui qui le désignera
Ce poste stratégique suscite l’intérêt du parti politique Ensemble pour la République, famille politique de l’ancien gouverneur de Katanga, Moïse Katumbi, lui qui est arrivé deuxième à la présidentielle de décembre 2023.
Selon Christian Mwando Nsimba, député national élu de Moba dans la province du Tanganyika et président du groupe parlementaire Ensemble, si Moïse Katumbi n’est pas porte-parole de l’opposition, c’est lui qui le désignera.
« Je me base sur les textes et tous les juristes sont d’accord avec moi. C’est clair comme l’eau de roche La légitimité veut que celui qui a été deuxième à ces élections, avec les 18% selon Denis Kadima , soit le porte-parole, par rapport à celui qui a obtenu, par exemple, 0,2%. Ça veut dire 0%, si on arrondit », a-t-il déclaré avant d’affirmer que ce poste revient naturellement à Ensemble pour la République.
« Pour une simple raison: la loi portant statut de l’opposition dit que le porte-parole est désigné par consensus par vote par les parlementaires c’est-à-dire que les opposants qui sont à l’assemblée nationale et au sénat. Or aujourd’hui si vous faites l’arithmétique simple sur 29 potentiels opposants , nous en avons déjà 24, nous espérons en avoir plus au Sénat. Les autres toutes tendances confondues n’en ont que 5 », a-t-il argumenté.
Jamais l’opposition entre les mains des « incohérents » !
De son côté, un autre candidat à la dernière présidentielle qui se réclame de l’opposition progressiste, revendique ce poste.
D’abord à travers un tweet, en suite au cours d’un café politique au siège de son regroupement politique « DYPRO », le député national Constant Mutamba est formel.
« Je suis le porte-parole naturel de l’opposition politique congolaise. Je ne laisserai jamais monsieur Kagame infiltrer l’opposition et Je ne laisserai jamais l’opposition entre les mains des incohérents », a-t-il vociféré.
Pour étayer son argumentaire, Constant Mutamba a, sans citer Ensemble pour la République, dénoncé tacitement « l’opportunisme et l’incohérence » dont a fait preuve le parti politique de Moïse Katumbi.
« Hier, ils ont démissionné du gouvernement sortant et refusé de partager le bilan de l’Union sacrée de la Nation ; ils ont appelé à l’annulation des résultats des élections de décembre 2023; ils ont boycotté la plénière inaugurale de l’Assemblée Nationale.
Curieusement aujourd’hui, 3 mois après, ils exigent des postes au gouvernement, au Bureau de l’Assemblée Nationale et le porte-parolat de l’opposition. Ils félicitent la Première ministre nommée par le Président dont ils contestent l’élection. Qui sont-ils ? Incohérents, opportunistes ou stratèges ? », a rétorqué Constant Mutamba quelques jours après la sortie médiatique de Christian Mwando.
Selon l’article 21 de la Loi n° 07/008 du 04 décembre 2007 portant statut de l’opposition politique, le porte-parole de l’opposition politique a rang de ministre d’État au niveau national et de ministre provincial au niveau provincial. Il jouit des avantages et immunités y afférents.