C’est une question qui mérite qu’on s’y attarde avec la gravité d’un regard de chat nocturne. Imaginez un peu le Congo comme un avion. Oui, un gros porteur, coloré, vibrant de musiques et de danses, mais en mode « pilote automatique » depuis la réélection du président Tshisekedi. En gros, le cockpit est vide et le pilote fait une sieste dans une suite de luxe.
Le tableau de bord clignote, alertes après alertes, alors que les routes du pays semblent bombardées comme après une invasion extraterrestre. Kinshasa ? Une sorte de scène post-apocalyptique où circuler devient un sport extrême, un art de naviguer entre cratères et geysers d’eaux usées. Et l’électricité, un invité aussi rare que l’honnêteté dans un discours politique. Jamais cette capitale n’a atteint un tel niveau de délabrement, et jamais le pays n’a eu l’impression qu’il n’y a personne aux commandes.
Un pays à l’arrêt
Les dignitaires, eux, s’en donnent à cœur joie, ils brassent du cash comme s’ils étaient en plein Black Friday éternel. Et leurs discours ? Une série Netflix sans fin sur « Moi, Ma, Mon ». On aurait presque envie de leur dire : « Les gars, y a quelqu’un qui peut penser au pays ? Non, parce que là, ça sent le cramé dans la cabine. »
Tshisekedi, le capitaine, semble plus esseulé qu’un fan de foot le soir d’une défaite historique. Et le peuple ? Spectateur de ce spectacle moins drôle que les infortunes de Mr. Bean. C’est le silence radio, pas de conférences de presse, pas de « Mes chers compatriotes… », rien, nada !
Et l’opposition ? Disons qu’ils ont décidé que c’était l’heure de la sieste aussi. Le Cardinal Ambongo pourrait jouer dans un film où il serait l’avocat du diable, pardon, du M23, alors que Mwando Nsimba, dans un revirement digne d’un film de Hitchcock, ne découpe plus le Katanga mais rêve de son bout du gâteau.
Face à cette comédie, le peuple congolais n’a d’autre choix que de resserrer les rangs, de s’accrocher à ce qu’il peut, espérant que quelqu’un, quelque part, reprendra bientôt les commandes pour éviter le pire.
En effet, si nous sommes vraiment livrés à nous-mêmes, en altitude élevée et sans pilote, le vertige nous guette. Et quand bien même nous aimons nos montagnes russes émotionnelles, personne ne s’est vraiment inscrit pour ce genre de vol.
Dans les tréfonds de cette atmosphère incertaine, un murmure s’élève, celui d’un peuple résilient, qui sait que malgré les turbulences, la force de sa culture, de sa musique, de son esprit indomptable, est la vraie essence qui le maintiendra en vol. Peut-être qu’à l’issue de cette drôle de traversée, le pilote automatique se révélera être nous tous, unis, mains sur le manche, prêts à redresser la trajectoire vers un futur où notre avion retrouvera son éclat et sa destination glorieuse.
Alors, en attendant ce moment, on continue de chanter, de rire, de pleurer parfois, mais surtout, on continue de croire qu’au-delà des nuages, le ciel est toujours bleu pour qui a le courage de continuer à voler.
Un tableau de troubles et de complaisance
Mais là où le tableau devient encore plus surréaliste, c’est dans les coulisses du pouvoir. Jules Alingete, chargé de traquer les voleurs, semble désormais les imiter, s’offrant même le luxe d’une guerre larvée avec des ministres. Nicolas Kazadi, de son côté, s’offre des puits de Jacob, et Joseph Kabila et sa formation politique deviennent, contre leur gré, le principal pourvoyeur de Corneille Nangaa, qui est devenu à son tour la marionnette d’une « congolisation » absurde de l’agression rwandaise. Pendant ce temps, Augustin Kabuya et Judith Suminwa s’offrent des séances de photos dignes de top modèles, affichant une insouciance qui contraste douloureusement avec la gravité de la situation nationale.
Dans cette cacophonie de désordre et d’égoïsme, une question demeure : si nous sommes réellement en pilotage automatique, où nous mène cette trajectoire incertaine ? L’atterrissage, à n’en pas douter, risque d’être tumultueux, à moins que le peuple congolais ne décide de reprendre les commandes pour de bon.