Le chef de la diplomatie de la République démocratique du Congo, Christophe Lutundula a, au cours d’une sortie médiatique depuis Paris, fixé l’opinion sur l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu.
En effet, accusé de tenir des propos « séditieux », le prélat catholique est visé par la justice congolaise pour des faits constitutifs d’infractions de « faux bruits, incitation des populations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines ».
Depuis lors, le courrier d’instruction du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, ordonnant l’ouverture d’une enquête judiciaire continue de défrayer la chronique congolaise.
Pour lever la lanterne, le vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant a précisé d’emblée, que la RDC et le Vatican n’ont signé aucun accord donnant aux religieux des immunités devant la justice.
« La loi de la République est impersonnelle, elle s’impose à tout le monde. Il n’y a aucun accord, aucun engagement qui est passé avec le Saint Siège moins encore avec l’église catholique qui exonère les personnes en particulier les citoyens congolais. Et donc tout le monde a l’obligation de respecter les lois de la République. Et par ailleurs, c’est trop fort lorsque le cardinal Fridolin Ambongo émette son avis sur ce qui se passe dans son pays, tout en appuyant ceux qui déstabilisent le pays, mais cela est excessif, ce qui est excessif est dérisoire. Dire par exemple que ceux qui sont à l’Alliance Fleuve Congo (AFC) ont raison parce qu’il n’y a pas eu un bon partage du gâteau, c’est quand même trop fort de sa part, heureusement ce n’est pas la position de la CENCO », a déclaré Christophe Lutundula.
Le dossier est traité de manière responsable mais…
Dans un communiqué publié lundi 29 avril, la Chancellerie de l’Archidiocèse de Kinshasa a confirmé avoir reçu une invitation du Procureur général près la Cour de cassation destinée au Cardinal, qui était cependant arrivée pendant son absence à l’étranger entre le 23 et le 26 avril.
« Il ne s’agit donc pas d’un refus délibéré de répondre à l’invitation, mais d’une impossibilité due à des circonstances indépendantes de sa volonté », précisaient les évêques de la RDC.
La CENCO avait ainsi appelé à la sérénité et assuré que le dossier est traité de manière « responsable » avec les autorités compétentes dans le respect des lois du pays, y compris l’Accord-cadre entre la RD Congo et le Saint-Siège garantissant une collaboration loyale entre l’Église catholique et l’État au service du peuple congolais.
Dans ce même ordre d’idées, l’Assemblée du Clergé Kinois ( ACKIN) a pour sa part, dénoncé une « initiative honteuse qui instrumentalise la justice et reflète une dérive dictatoriale » visant à annihiler la liberté d’expression.
L’ACKIN a exprimé son attachement et sa fidélité à l’Archevêque Fridolin Cardinal Ambongo dans l’accomplissement de sa mission prophétique.
« Pour l’amour du Congo, je ne me tairai point (cf. Is 62,1). D’ailleurs, les différents messages du Cardinal sont salués par tous les fidèles catholiques ainsi que par toutes les personnes éprises de justice, de vérité et de paix, voyant en lui le défenseur des petits et l’espoir de tout un peuple », peut-on lire dans leur déclaration du 30 avril.