La visite de Musalia W Mudavadi, Premier secrétaire du Cabinet et Secrétaire du Cabinet chargé des Affaires étrangères et de la diaspora du Kenya, porteur d’un message spécial du Président William Ruto au Président Félix-Antoine Tshisekedi, pourrait être perçue comme une tentative du Kenya de se racheter auprès de la RDC après l’épisode controversé de Corneille Nangaa.
L’épisode Nangaa, marqué par l’annonce de la création de l’Alliance Fleuve Congo, une coalition regroupant plusieurs groupes armés, dont le M23, pour « rétablir la paix et sauver le pays », a suscité un tollé à Kinshasa. La RDC a rappelé ses ambassadeurs au Kenya et à la communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) en réponse à la présence de Nangaa à Nairobi, où il a publiquement déclaré ses intentions lors d’une conférence de presse.
Dans cette alliance anti-Félix Tshisekedi, Nangaa s’est affiché avec ses alliés, affirmant vouloir « prendre le pouvoir à Kinshasa ». La coalition, qui inclut des groupes armés disséminés dans différentes régions de la RDC, a été perçue par Kinshasa comme une menace directe à la stabilité nationale. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a condamné ces activités subversives tenues sur le sol kenyan, demandant au Kenya de s’expliquer.
Face à ces tensions, la visite de Musalia W Mudavadi en RDC et son message d’apaisement au Président Tshisekedi s’inscrivent dans une logique de rapprochement. Après avoir été reçu en audience par le chef de l’État congolais, Mudavadi a rencontré le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala. Le Kenya a réaffirmé son engagement à respecter l’intégrité territoriale de la RDC et à jouer un rôle majeur dans le retour de la paix dans la région des Grands Lacs.
L’entretien entre Mudavadi et Lutundula a notamment porté sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Le Premier secrétaire du Cabinet kenyan s’est dit attristé par le bombardement du camp des déplacés de Mugunga, soulignant l’importance de respecter l’intégrité territoriale de chaque pays. Lutundula a, de son côté, rappelé que le Président Tshisekedi et les forces vives de la nation défendront fermement la RDC contre toute agression. « Si le Président Kagame retire ses militaires, nous sommes ouverts à discuter de tous les problèmes », a-t-il insisté.
Le Kenya, par la voix de Musalia W Mudavadi, a exprimé son engagement à soutenir le processus de paix dans la région, notamment par l’entremise du Président Uhuru Kenyatta, médiateur désigné par l’EAC. Les deux pays se disent également prêts à lancer les préparatifs pour actualiser les cadres de coopération, notamment dans le domaine sécuritaire.
Cependant, malgré ces gestes diplomatiques, la méfiance subsiste du côté congolais. La RDC attend du Kenya des actions concrètes pour empêcher toute forme de soutien aux activités subversives visant à déstabiliser le pays. L’épisode Nangaa a laissé des traces, et seule une coopération renforcée et une transparence totale permettront de restaurer pleinement la confiance entre Kinshasa et Nairobi.