Le Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), Christophe Lutundula, a lancé un avertissement sévère contre le Rwanda, accusant Kigali de préparer un « génocide sournois » des Hutus dans l’Est du pays. Lors d’une réunion avec des diplomates européens à Kinshasa, Lutundula a interprété les récents propos du Président rwandais Paul Kagame comme une menace sérieuse à la paix régionale, signalant que ces déclarations pourraient exacerber les tensions intercommunautaires au Nord-Kivu, une région déjà gravement déstabilisée par le conflit.
« Kigali dit que les Tutsis congolais sont persécutés et sont menacés de génocide, mais nous nous apercevons que les territoires qui sont attaqués de temps en temps sont des territoires dans lesquels la majorité des habitants sont des Hutus congolais. Quand on se rappelle que le génocide c’était en 94, que dans les mêmes camps là, l’armée rwandaise actuelle a attaqués, a bombardé Kibumba et autres, on a tué des gens là-bas, c’était des hutus, et parmi lesquels il y a des hutus congolais« , fait remarquer le Chef de la diplomatie congolaise.
« Le discours actuel du Président Kagame a quel effet dans l’opinion congolaise? Première chose, c’est de renforcer l’antagonisme entre les Hurus congolais et les Tutsis congolais. Deuxième conséquence, quand on voit tous ces éléments là, cela a pour effet de susciter des tensions autour des terres au Nord-Kivu. Au Kivu, quand vous commencez à parler des problèmes de territoires, vous inoculez le virus de la division et vous amenez vers une conflagration des violences intercommunautaires. Parfois on ne fait pas attention à ça », a souligné Christophe Lutundula.
Des actes de Kigali corroborent les révélations de Kinshasa
Ces accusations interviennent dans un contexte où les États-Unis ont condamné le Rwanda pour un bombardement meurtrier sur un camp de déplacés près de Goma, le 3 mai 2024, exacerbant les accusations de soutien rwandais aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). L’attaque a causé la mort de plusieurs civils et a poussé des milliers de personnes à fuir leurs foyers, aggravant une crise humanitaire déjà désastreuse dans la région.
La diplomatie américaine a officiellement accusé le Rwanda d’être à l’origine de ce bombardement, une allégation que Kigali a rapidement réfuté. Toutefois, les tensions restent vives, surtout avec la révélation d’un autre bombardement mortel dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, où sept personnes ont été tuées, confirmant une extension alarmante du conflit.
La RDC, sous l’impulsion de Christophe Lutundula, invite la communauté internationale à prendre acte de ces développements et à intervenir pour éviter une escalade vers un conflit régional plus large. Les propos de Lutundula mettent en lumière une réalité troublante : le risque de génocide sous couvert de conflits territoriaux et de protections communautaires.
Le gouvernement congolais voit dans la position de Kagame non seulement une menace directe à la stabilité de sa région orientale mais aussi un acte de cynisme politique qui, selon Lutundula, pourrait mener à une conflagration de violences intercommunautaires orchestrée par des acteurs externes.
Face à cette situation de plus en plus précaire, la RDC reste ferme dans sa demande de retrait des troupes rwandaises et de cessation du soutien à des groupes armés comme le M23. Pendant ce temps, la communauté internationale, y compris les États-Unis et l’Union Européenne, semble pressée de trouver des solutions pour rétablir la paix et assurer la sécurité des populations civiles, tout en traitant les problèmes sous-jacents de gouvernance et de contrôle des ressources naturelles qui alimentent le conflit.