Le parti Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD) a clôturé ses travaux du conclave de trois jours qui marque la rentrée politique de ce parti dirigé par l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo. Au terme de ces travaux, le Président national du LGD, Matata Ponyo a tenu un discours sur plusieurs questions d’actualités du pays notamment sur les élections générales du 20 décembre dernier organisées par la CENI.
Sur cette épineuse question d’organisation des élections par la CENI, Matata Ponyo a proposé la suppression «pure et simple» de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) car, pour lui, « elle ne répond plus ni à l’essence de son existence, ni aux objectifs qui lui ont été assignés. Elle n’est plus crédible car la population ne lui fait plus confiance. Elle a perdu son âme et son esprit. Elle a perdu sa raison d’être».
Selon le seul député national élu sur la liste de LGD, le processus électoral de 2023 a ressemblé à un match de football étrange entre l’équipe de la majorité et celle de l’opposition. Il révèle que l’arbitre et les juges de touche ont été tous recrutés par le pouvoir pour soutenir la majorité qui s’engageait avec un pronostic qu’il qualifie de «très défavorable».
«L’arbitre et les juges de touche ont été tous recrutés par le pouvoir pour soutenir la majorité qui s’engageait avec un pronostic très défavorable. Pendant le match, les buts contre l’opposition étaient marqués, non seulement par les onze de la majorité alignés sur le terrain, mais aussi par les joueurs de réserve sur le banc qui s’improvisaient sur le terrain avec d’autres ballons, sous l’œil de tout le corps arbitral, y compris celui en charge du VAR», a-t-il expliqué en faisant allusion à la CENI et la Cour constitutionnelle.
À cet effet, ce candidat président malheureux à côté de Moïse Katumbi à la présidentielle dernière a soulevé plusieurs questions celles de savoir :
«À quoi cela aura servi de dépenser plus d’un milliard de dollars américains pour réaliser un simulacre d’élections ? Quelle est l’importance de la CENI devant ce type de théâtre électoral de mauvais goût qui déshonore le peuple congolais à travers le monde ? Une CENI dont certains responsables avaient des partis politiques et ont produit des députés issus de leurs propres familles ou de leurs clubs d’amis ? A quoi sert une CENI qui, au lieu d’instaurer la confiance entre le pouvoir et la population, crée plutôt la méfiance et la fracture sociale ? Si la CENI n’est plus une institution indépendante et transparente, pourquoi la garderons-nous encore ?»
À la place de la CENI, cet ancien premier ministre sous Kabila a proposé qu’une structure internationale indépendante spécialisée dans le domaine soit recrutée pour pouvoir organiser de manière crédible les prochaines élections à l’horizon 2028.
« Les faibles en esprit diront que l’organisation d’un processus électoral relève de la souveraineté nationale. Qu’en est-il alors de l’appel des forces régionales pour rétablir la paix et la sécurité à l’Est ? Y a-t-il plus souverain que la protection des citoyens dans leur pays ? », a rétorqué de manière anticipée Matata Mponyo dans son discours prononcé lors de la clôture du conclave de LGD.
Matata pense que recourir à l’expertise internationale sera la seule façon de convaincre la population d’aller encore voter.
En revanche, il prévient que la CENI enregistrera le taux de participation le plus faible de l’histoire électorale de la RDC, parce que, dit-il, «les gens ne croient plus en la CENI. À défaut de supprimer la CENI, ce serait mieux que le pouvoir organise un congrès de l’union sacrée pour la nomination des personnes à toutes les fonctions ouvertes au vote en décembre 2028; ce qui couterait moins de cinq millions de dollars américains contre plus d’un milliard dépensé en 2023. Et les résultats seront identiques à ceux obtenus en décembre dernier. C’est-à-dire des personnes nommées et non élues».
C’est pourquoi, Matata recommande qu’une commission d’enquête indépendante, constituée notamment des experts internationaux, soit constituée pour établir les responsabilités de «manquements graves» qui ont émaillé tout le processus électoral et que les coupables soient sévèrement sanctionnés.
Pour le président national de LGD, «ces sanctions pourraient rétablir ne fût-ce que le peu de crédibilité dont les congolais ont encore besoin pour vivre dans le monde».