D’ici 2050, la République démocratique du Congo (RDC) sera le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, derrière le Nigeria, et le huitième au niveau mondial, avec une population estimée à 215 millions d’habitants, selon les projections des Nations-Unies, apprend-on du journal le Monde ce dimanche 02 juin.
Selon les informations rapportées par le journal Le Monde, la RDC n’a pas de véritable politique démographique ni aucune structure dédiée comme il en existe dans d’autres pays africains. La première étape serait d’avoir des chiffres sur la population congolaise et ses différentes composantes. Le pays n’a pas conduit de recensement depuis 1984 ! Or, sans statistiques fiables sur les naissances, les décès, les migrations, il est impossible de faire une bonne planification.
La même source rapporte qu’en RDC depuis 1960, la population a été multipliée par 7,5, mais le revenu par habitant a été divisé par 2,5.
Dans un entretien accordé au journal Le Monde, le professeur à l’Université de Kinshasa, en Sciences sociales, Jacques Emina a détaillé les implications de cette démographie explosive de la RDC.
Jacques Emina a fait remarquer que les causes sont multiples et complexes. Il y a d’abord les normes culturelles. D’après lui, plupart des gens veulent avoir des familles nombreuses, autour de six enfants en moyenne. Cela tient notamment aux croyances religieuses. La Bible, avec son message « soyez féconds », est interprétée au pied de la lettre.
Ensuite, poursuit-il, il n’y a pas de politique sociale efficace pour sécuriser les individus quand vient la retraite, les enfants sont donc perçus comme une assurance-vieillesse.
Pour lui, les femmes qui ont recours à la contraception moderne l’utilisent seulement quand elles s’approchent du nombre d’enfants souhaité.
Dans ce même ordre d’idée, un autre facteur est le nombre très élevé de mariages et de maternités précoces. En RDC, plus de 30 % des femmes se marient avant 18 ans. Cela se traduit par un plus grand nombre d’années d’exposition à la procréation. En même temps, il y a une baisse de la mortalité infantile, même si celle-ci demeure importante et une augmentation de l’espérance de vie. Le résultat, c’est que la population de la RDC va continuer à augmenter jusqu’en 2100.
Poursuivant sa réaction, Jacques Emina a soutenu que la RDC est, en effet, le deuxième plus grand pays d’Afrique, derrière l’Algérie. Mais l’espace n’est pas une raison suffisante pour ne pas s’inquiéter de cette démographie galopante. Il y a déjà beaucoup de conflits fonciers, dans l’Ouest, près de Kinshasa, mais aussi dans l’Est.
« De vastes zones du pays ne sont pas facilement habitables. Les villes, elles, se développent de façon incontrôlée et la RDC risque de perdre 40 % de ses forêts d’ici à 2050. La croissance démographique va de pair avec une intensification de la pauvreté. Depuis 1960, la population a été multipliée par 7,5 mais le revenu par habitant a été divisé par 2,5. Les accès au logement, à l’eau, à la nourriture ou à l’éducation vont être des défis de plus en plus difficiles à relever », peut-on lire dans ce journal.
Face à cette situation, le professeur en Sciences sociales a laissé entendre que la RDC n’a pas de véritable politique démographique ni aucune structure dédiée comme il en existe dans d’autres pays africains.
En revanche, dans l’optique de limiter ce fléau, il a préconisé quelques pistes de solution notamment, l’aspect d’avoir des chiffres sur la population congolaise et ses différentes composantes.