Dans une récente déclaration, l’organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International, a appelé Félix-Antoine Tshisekedi à axer son dernier mandat sur les droits humains pour remédier à la crise qui se vit dans le pays. Cela, au regard de nombreux faits enregistrés pendant le premier mandat.
Des mesures superficielles
Amnesty International déplore de nombreux engagements en matière de droits humains pris par Félix Tshisekedi au cours de son mandat précédent rares sont les progrès qui ont été réalisés. À cet effet, elle présente au nouveau gouvernement un programme en cinq points décrivant les mesures à prendre afin d’améliorer la situation des droits humains dans le pays.
« La plupart des mesures prises en vue de protéger les droits humains ont été superficielles, inefficaces ou incomplètes.Les cinq prochaines années sont la dernière chance pour le président Félix Tshisekedi de bâtir un héritage durable fondé sur les droits humains », a argué Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.
À l’en croire, le nouveau gouvernement doit prendre de toute urgence des mesures pour mettre fin aux restrictions de l’espace civique, protéger la population civile dans les zones de conflit, briser le cycle de l’impunité pour les crimes de droit international, remédier aux insuffisances du système de justice pénale et assurer une gestion efficace des ressources afin de faire progresser les droits socio-économiques.
Respect scrupuleux du DIH
Alors que les conflits armés se sont intensifiés et que la crise humanitaire qui touche la RDC s’est aggravée ces dernières années, et dans un contexte de retrait en cours de la MONUSCO, Amnesty International appelle le président Félix Tshisekedi à respecter scrupuleusement le droit international humanitaire (DIH), particulièrement dans le cadre de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’évaluation des opérations militaires.
« Le président Félix Tshisekedi doit prendre des mesures concrètes pour protéger les civiles dans les zones de conflit armé, enquêter sur les causes profondes et les facteurs des conflits armés et des violences intercommunautaires et lutter contre l’impunité généralisée pour les crimes de guerre », a-t-il poursuivi.
Reformer le système judiciaire « malade »
L’organisation internationale humanitaire recommande au président Félix de réformer le système judiciaire, qu’il a lui-même qualifié de « malade ». Les conditions de détention dans les prisons doivent devenir plus humaines, le recours systématique à la détention provisoire et à la détention arbitraire doit cesser et la peine de mort doit être abolie.
« Le président Félix Tshisekedi doit annuler la décision du gouvernement et instaurer un nouveau moratoire sur les exécutions, et les autorités doivent envisager l’abolition de la peine de mort pendant ce mandat. Il est également essentiel que le système de justice pénale soit indépendant et équitable », a-t-il déploré.
Levée de l’état de siège
Le président Félix Tshisekedi et son nouveau gouvernement devraient, qui plus est, lever de toute urgence l’« état de siège » illégal et prolongé dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri et garantir l’obligation de rendre des comptes et la justice pour les atteintes aux droits humains commises au nom de cette mesure. Les autorités doivent également adopter une législation respectueuse des droits humains protégeant et promouvant les droits aux libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association.
Malgré l’engagement du président Félix Tshisekedi à éradiquer la corruption, le gaspillage présumé de ressources publiques a empêché l’État d’allouer des ressources suffisantes aux services socio-économiques essentiels et donc d’assurer la réalisation des droits humains, notamment les droits à une alimentation adéquate, aux soins de santé, à l’eau, à l’assainissement, à l’éducation et au logement.
Instauration d’un moratoire dans le secteur menier
L’expansion des mines industrielles de cuivre et de cobalt en réponse à la demande mondiale croissante a également alimenté les atteintes de grande ampleur aux droits au logement et à la santé, notamment les expulsions forcées massives et la pollution.
Amnesty International appelle le gouvernement à instaurer un moratoire sur les expulsions de masse dans le secteur minier jusqu’à ce qu’une commission d’enquête soit mise en place et achève une évaluation complète des protections juridiques existantes contre les expulsions forcées et que les réformes politiques nécessaires soient adoptées.
Protéger la liberté de presse
Le gouvernement de la RDC doit également prendre des mesures pour protéger la liberté de la presse et d’Internet, notamment en révisant le projet de loi sur la presse de 2023 et le Code du numérique afin de les mettre en conformité avec les normes internationales relatives aux droits humains.
Le président Félix Tshisekedi a prêté serment pour un second mandat de cinq ans en janvier 2024. Le 1er avril, il a nommé la toute première femme Première ministre du pays, Judith Suminwa Tuluka. Le 29 mai, la Première ministre a nommé son gouvernement, composé de 54 ministres.