Alors que le plan de désengagement de la mission onusienne se poursuit conformément à la demande de Kinshasa, elle reste cependant désapprouvée par Denis Mukwege. Le Prix Nobel de la paix 2018 redoute un vide sécuritaire et exhorte le Conseil de sécurité à se saisir de la situation au pays et appelle le gouvernement et la MONUSCO à suspendre ce retrait accéléré au Nord-Kivu et en Ituri.
Dans une déclaration faite dans la soirée de jeudi 27 juin, l’ancien candidat Président de la République a exprimé encore une nouvelle fois ses inquiétudes et ce, après la fermeture du bureau de cette mission à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, le 25 juin dernier.
Le gynécologue congolais, qui cite le rapport du Groupe d’Experts de l’ONU, craint que le transfert des responsabilités aux autorités nationales puissent créer un vide sécuritaire et un déficit de protection des civils. Car, affirme-t-il, « la RDC est encore loin du stade où la menace posée par les groupes armés nationaux et étrangers, notamment la CODECO, les ADF et le M23, ait été réduite à un niveau qui puisse être géré par les forces de sécurité et de défense congolaises. »
Selon le Groupe d’Experts de l’ONU sur la RDC, 3000 et 4000 éléments de l’armée rwandaise sont présents sur le territoire congolais et opèrent conjointement avec le M23, un groupe armé terroriste dont la recrudescence en novembre 2021 a largement contribué à l’aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire déjà dramatique au Nord-Kivu.
C’est ainsi que Mukwege appelle le gouvernement congolais et la MONUSCO à reconfigurer le mandat de la Mission et de la Brigade d’Intervention, le temps de mener une réforme profonde du secteur de la sécurité et de la justice en RDC et de déployer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.
« Nous appelons les gouvernements membres du Groupe de contact international pour la région des Grands Lacs et les représentants des institutions garantes de l’Accord-Cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région à ne plus tolérer les violations systématiques des droits humains, du droit international, et de l’embargo sur les armes commises par le Rwanda, et à adopter un régime fort de sanctions pour obliger le régime de Kigali à retirer ses troupes du sol congolais et son soutien au M23 », a-t-il poursuivi.
Le 25 juin dernier, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a assisté à Bukavu à la cérémonie marquant la fermeture du bureau de la Mission onusienne dans la province du Sud-Kivu. Ce retrait marque également un moment historique, car il est la suite logique du processus de désengagement de la MONUSCO dans cette province, déclenché depuis janvier dernier à la demande des autorités congolaises.