La nouvelle était telle une pillule difficile à avaler le jeudi 13 juillet 2023 très tôt le matin. Le corps sans vie de l’honorable et ancien ministre des transports Chérubin Okende retrouvé sur l’avenue des Poids-lourds à Kinshasa. Tout le monde pensait à une des vagues de rumeurs de la capitale.
A partir de 8h, les choses se précisent. Les images circulent déjà sur les réseaux sociaux avec une vitesse exponentielle. L’opposant et proche du président du parti de l’opposition Ensemble pour la République est passé de vie à trépas, alors que personne n’avait de ses nouvelles depuis la veille à 16h. Il s’est enfin avéré que sa dépouille a été retrouvée au bord de la route, sur le siège conducteur de son véhicule, mais ensanglantée de la tête à la chemise blanche devenue rougeâtre.
Vers 8h30 à 9h, l’endroit où le corps de Chérubin Okende Senga a été retrouvé, est remplis d’émotions. Nous sommes dans la commune de la Gombe de l’autre côté de la route en face de la société SEP. Passants, journalistes, collègues députés ou camarades du parti, proches et membres de la famille biologique, tous étaient saisis de frayeur, les cameramans et photographes prennent des images du drame. C’est en ce moment que la police est venue avec un dispositif approprié, ses éléments gants à la main, pour évacuer le véhicule, le corps étant déjà acheminé à la morgue.
Enquêtes et arrestations
S’en est suivi d’une longue et interminable enquête avec les experts internationaux. Une période parsemée de mises en garde et d’interprétations. C’est dans ce contexte que le journaliste Stanis Bujakera a été arrêté en septembre 2023. Il lui a été reproché d’avoir « fabriqué et diffusé » un « faux document ». Il est clair que la justice accusait le journaliste de publier à jeune Afrique le contenu d’une note interne de l’ANR qui charge la DEMIAP d’être à la base de « l’assassinat » de Chérubin Okende. Le journaliste a déjà recouvré sa liberté quelques heures avant l’enterrement de l’infortuné.
Il ne sera pas le seul. il y a aussi plutard le ministre du tourisme, Modero Nsimba, qui sera interpellé, jusqu’à présent en détention, pour avoir déclaré, dans un audio où il parle visiblement avec ses proches, que Chérubin Okende a été assassiné, désignant d’ailleurs le coupable.
Pendant ce temps, les enquêtes menées par les congolais, et les étrangers notamment les sud-africains et les belges n’avaient pas encore dit leur dernier mot. On attendra jusqu’au 29 février 2024 pour que le parquet près la cour de cassation en viennent au « sucide », comme cause du décès de l’homme politique. Ainsi, la thèse de l’assassinat a été mis en cause, alors que les premiers éléments annoncés par le même parquet, parlaient de forte possibilité d’assassinat.
« Un crime d’État »
Cette conclusion a suscité des réactions acerbes dans la classe politique. Selon maître Hervé Diakese, porte-parole du parti Ensemble, « cette version du parquet est aberrante et cherche à maquiller quelque chose… C’est un crime d’Etat et ce même Etat tente de couvrir les criminels », déclarait-il après la publication de la conclusion.
C’est le 20 mars 2024 que le corps de Chérubin Okende sera porté en terre. Sa famille et proches ont pu faire dignement le deuil, mais continuent à solliciter le rebondissement de l’affaire.