La Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA) qui participe du 15 au 19 juillet à la mission d’achat et d’investissement du secteur énergétique africain a passé au peigne fin le projet Inga 3 « qui produira de l’électricité pour 12 à 15 pays. Il s’agit d’un projet que les banques multilatérales de développement peuvent financer ensemble ».
La DBSA qui travaille déjà avec d’autres partenaires de développement et le gouvernement sud-africain sur plusieurs projets, a exprimé sa volonté d’approfondir les relations en investissant dans des corridors de transport, tels que le corridor de Nacala au Mozambique, qui relie la Zambie, le Malawi et le Mozambique, et le corridor de Lobito reliant la Zambie à l’Angola et à la République démocratique du Congo.
Dans une interview accordée à POLITICO.CD, La DBSA à travers le Responsable de la gestion des risques, Mpho Kubelo, insiste sur un projet durable.
D’après Mpho Kubelo, pour financer un projet, l’équipe devrait avoir des détails sur la manière dont ils les présentent, comment ils les soumettent au gouvernement et le type de structuration qui se produit autour d’un projet. À cet effet, il a fait savoir que la RDC est déjà impliquée dans les projets.
«Donc, quoi que nous allions financer, cela doit être durable et cela doit avoir du sens. Et quand nous parlons de durabilité, nous parlons de tout, de la durabilité économique, de la durabilité sociale et de la durabilité environnementale. Nous devons donc nous assurer que quel que soit le projet que nous finançons, lorsque nous travaillons avec nos partenaires, ce que nous mettons en place doit être durable en fin de compte», a-t-il déclaré.
Concernant le financement, le Responsable de la gestion des risques à la DBSA a fait savoir que la DBSA finance toute l’Afrique subsaharienne.
«Nous sommes très actifs sur le continent. Nos expositions en dehors de l’Afrique du Sud s’étendent du Zimbabwe à la Zambie. Nous avons des risques importants en Angola. Nous avons l’Afrique de l’ouest, l’Afrique de l’est. Nous sommes très actifs sur ces marchés. Notre mandat nous permet donc de financer au-delà des frontières de l’Afrique du Sud sur le continent. En ce qui concerne Inga 3, c’est un projet très excitant. Je pense que le Président de l’Afrique du Sud, son Excellence, Cyril Ramaphosa et le Président de la RDC, Son Excellence, Félix Tshisekedi sont devenus des sponsors de ce projet. Et je pense qu’avec le parrainage à ce niveau, cela signifie que nous allons voir nos priorités dans le projet Inga 3 se concrétiser», a-t-il laissé entendre.
À en croire Mpho Kubelo, la DBSA est engagée dans des conversations avec d’autres acteurs du secteur énergétique pour voir comment réaliser le projet Inga 3.
«C’est un gros projet, mais nous pensons que ce n’est pas impossible à réaliser. Nous pensons que si nous parvenons à réussir Inga, alors nous allons résoudre une partie importante des défis énergétiques que nous rencontrons sur le continent. Inga est donc un projet très excitant. Nous y tenons. Nous nous engageons et examinons comment nous pouvons le mettre en place et comment le rendre finançable et durable afin que nous puissions fournir l’énergie de ce projet», a-t-il indiqué.
L’Afrique du Sud déterminée à aider la RDC
Répondant aux questions de POLITICO.CD, Lebohang Mosetu, le Souscripteur de l’Export Credit Insurance Corporation d’Afrique du Sud (ECIC) —qui appartient à 100% au ministère du Commerce et de l’industrie sud-africain, a rappelé qu’entre 2016 et 2017, ils ont fait le projet d’expansion prépayé en RDC où ils étaient fortement impliqués dans des projets miniers dans la région du Katanga, Lubumbashi, Metorex et la mine de cuivre de Kamoto.
«Nous avons donc été très impliqués dans l’exploitation minière à cette époque là. Mais récemment, nous avons réalisé un projet d’expansion prépayé avec la Banque de développement d’Afrique du Sud (DBSA). Nous étions fortement investis en RDC. Nous avons pris une position ferme pour aider la RDC. Même maintenant, vous pouvez le constater avec la quantité de militaires que l’Afrique du Sud a envoyé au Nord-Kivu pour tenter de stabiliser la région», a-t-il fait remarquer.
Actuellement, dit-il, ils étudient un projet d’une valeur d’environ 340 millions de dollars dans le domaine des infrastructures de transport. À cet effet, Lebohang Mosetu a laissé entendre qu’entre l’Afrique du Sud et la RDC, il y a de bonnes relations politiques bilatérales tout en soulignant qu’ils considèrent la RDC comme l’Afrique du Sud.
«L’intention est d’étendre le projet d’expansion prépayé. Mais, comme vous le savez, lorsque nous examinons une transaction, nous l’examinons d’un point de vue politique, des aspects sociaux. Et la plus grande partie est la viabilité et la bancabilité. Maintenant, l’intention est d’examiner l’expansion. Mais nous devons évidemment nous occuper de ces questions : est-ce qu’ils obtiennent? L’objectif principal des compteurs prépayés est-ce que les gens paient ? Vous savez comment la SNEL gère-t-elle les compteurs et tout ça. Mais, l’intention est de l’étendre aux zones qui peuvent se permettre de payer ces compteurs prépayés», a-t-il déclaré.
Passant en revue le projet Inga 3, Lebohang Mosetu a expliqué qu’ils ont manifesté l’intérêt pour Inga 3 parce qu’il y avait un élément de surplus de puissance arrivant à ESCOM car, dit-il, l’Afrique du Sud souffre également de délestage à cause des subtilités et des problèmes de la ligne de transmission.
Le Souscripteur de l’ECIC estime qu’il y a une guerre pour Inga 3 tout en rétorquant que s’il a d’autres projets viables et bancables qui pourraient être développés en RDC, ils vont investir 340 millions de dollars sur les routes puisque, indique-t-il, l’Afrique a donc besoin d’énergie parce qu’elle souffre de pauvreté énergétique
«Le South African Power Pool a développé ce qu’on appelle la salle de guerre, où ils envoient des experts pour essayer de voir s’ils peuvent retirer Inga 3, parce que nous comprenons les avantages d’Inga 3. Comme je l’ai dit, à un moment donné, ESCOM a signé une lettre d’intérêt de 800 mégawatts pour obtenir l’électricité d’Inga 3. Nous ne pouvons donc pas fuir cela parce que nous parlons d’énergies renouvelables et d’hydroélectricité. Qui ne veut pas de ça ? Parce que nous savons ce que le barrage Inga peut apporter, et vous regardez la Zambie, vous regardez où la ligne arrivera jusqu’à ce qu’elle atteigne l’Afrique du Sud. Comme je l’ai dit, cela peut même aller en Europe. C’est donc quelque chose qu’on attend que cela se produise», a conclu Lebohang Mosetu, Souscripteur de l’Export Credit Insurance Corporation d’Afrique du Sud.
L’événement Inward Buying Mission a réuni plus de 40 délégués de 10 pays africains à Johannesburg et au Cap, dans le but d’explorer les capacités énergétiques de l’Afrique du Sud et les opportunités de projets à travers le continent.
Organisée par le Conseil sud-africain d’exportation d’électrotechnique (SAEEC) avec le soutien du ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Concurrence (DTIC), de l’Export Credit Insurance Corporation (ECIC) et de la DBSA, la mission s’aligne sur la phase opérationnelle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), facilitant de nouvelles opportunités d’exportation et le commerce intra-africain.
Lors de la bienvenue aux invités, le porte-parole de la DBSA a déclaré : « En facilitant le commerce et la collaboration intra-africains, nous visons à stimuler une croissance transformatrice et des solutions pertinentes dans l’ensemble du secteur de l’énergie. »
La Mission d’achats intérieurs est un forum conçu pour échanger des informations et des compétences liées à l’énergie avec les pays et partenaires africains, en vue de promouvoir le développement énergétique durable sur tout le continent. L’objectif est de doter les dirigeants africains du secteur de l’énergie des connaissances et des ressources dont ils ont besoin pour répondre à leurs besoins et objectifs énergétiques respectifs.