Une nouvelle escalade de violence a secoué le quartier Tshamalale à Lubumbashi, où des militaires de la deuxième zone de défense, commandés par le Colonel Ange-Félix Mangwala Mpunga, ont procédé à l’enlèvement d’un séminariste du Grand séminaire interdiocésain Saint-Paul. Cet incident, survenu le lundi 18 novembre, soulève des questions sur la recrudescence des atteintes aux droits humains et sur les tentatives de spoliation des propriétés foncières de l’Église dans le Haut-Katanga.
Une intervention musclée et illégale
Selon un communiqué publié par l’Assemblée épiscopale de la province ecclésiastique de Lubumbashi (ASSEPL), des hommes armés en uniforme militaire ont fait irruption dans les installations de la propédeutique spirituelle du séminaire en pleine matinée. Ils ont appréhendé de manière brutale un séminariste qui faisait sa lessive, avant de tirer deux coups de feu pour disperser ses camarades venus à son secours. L’unité, sous les ordres du colonel Mangwala, a ensuite quitté les lieux avec le séminariste, l’emmenant à la 2ᵉ Zone de défense militaire.
Vers 20 heures, après de multiples interventions, le séminariste a été relâché. Toutefois, il a été soumis à un interrogatoire basé sur des accusations farfelues. Un témoin, manifestement manipulé, l’a faussement accusé, ainsi que ses camarades, d’être des miliciens au service de Moïse Katumbi. Les officiers militaires, eux-mêmes, ont rejeté ces allégations jugées absurdes.
Un conflit foncier en toile de fond
Cet acte, loin d’être un incident isolé, s’inscrit dans une série d’attaques visant les propriétés foncières de l’Archidiocèse de Lubumbashi. Depuis plusieurs années, des manœuvres de spoliation menacent cette concession ecclésiastique, acquise légalement en 1976. L’ASSEPL pointe du doigt une collusion entre des individus influents et une justice politisée qui retarde l’application des décisions judiciaires en faveur de l’Église.
Malgré l’implication récente du ministre de la Justice, qui a ordonné la restitution de cette propriété à l’Église, les tentatives d’appropriation illégale se sont intensifiées, révélant les failles persistantes dans l’État de droit au Haut-Katanga.
Justice et respect des droits humains
Mgr Fulgence Muteba Mugalu, archevêque de Lubumbashi et président de l’ASSEPL, a fermement condamné cet enlèvement, qualifiant l’acte de « barbarie ». Il exige que les responsables de cette opération soient traduits en justice et sévèrement punis. L’ASSEPL envisage également de porter plainte contre les militaires impliqués.
Alors que le chef de l’État, Félix Tshisekedi, est en visite dans la province, cette affaire met en lumière l’impunité dont jouissent certains hommes en uniforme et la nécessité d’une réforme urgente de la justice congolaise.
L’ASSEPL appelle les autorités à appliquer sans délai les jugements déjà rendus sur ce litige foncier et à garantir la sécurité des séminaristes et du personnel ecclésiastique dans cette région sous tension.
Gilbert NM