La renégociation de la convention de 2008 entre la RDC et la Sicomines, qualifiée de « contrat du siècle », est aujourd’hui au cœur d’une controverse majeure. Selon des informations révélées par Africa Intelligence, 28,45 millions de dollars ont été distribués sous forme de « jetons de présence » aux membres de la commission interinstitutionnelle ayant conduit les négociations pour le rééquilibrage de cette convention.
Ces fonds, validés par la présidence congolaise et perçus par l’Inspection générale des finances (IGF) pour être redistribués, étaient initialement destinés à financer des projets d’infrastructures dans le cadre du partenariat entre la RDC et le groupement d’entreprises chinoises représenté par la Sicomines.
Sur ce montant, 10,99 millions de dollars ont été attribués à un comité restreint composé de dix membres, dont des personnalités influentes telles que Guylain Nyembo, ancien directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, le ministre des finances Nicolas Kazadi, la ministre des mines Antoinette N’Samba Kalambayi, ainsi que le patron de l’IGF, Jules Alingete Key. Un autre comité stratégique de neuf membres a reçu 9,7 millions, tandis que 5,81 millions ont été partagés entre environ 260 membres de la commission plénière.
Un bonus de signature de 1,95 million de dollars a également été alloué aux signataires congolais de l’avenant signé avec la partie chinoise. Parmi eux figuraient les ministres des infrastructures, des finances, des mines et du budget. Ces montants ont été intégrés dans les dépenses d’infrastructures prévues par la convention, ce qui signifie qu’ils ont été retranchés des fonds initialement destinés à des projets pour le développement du pays. Ces fonds devaient notamment financer plusieurs tronçons routiers et d’autres infrastructures en 2024.
Depuis la signature de la convention de 2008, seuls 820 millions de dollars de projets d’infrastructures ont été réalisés, bien en deçà des 3 milliards initialement promis. Plusieurs de ces projets ont été marqués par des surfacturations importantes, comme un tronçon de route de deux kilomètres dans la commune de Gombe à Kinshasa, facturé 36 millions de dollars.
La gestion de ces fonds et leur redistribution par l’IGF suscitent des critiques de la part de certaines organisations de la société civile. Ces dernières appellent à un audit indépendant des dépenses liées à cette renégociation et à une transparence accrue dans la gestion des finances publiques.
Cet article s’appuie sur des informations issues de l’enquête de Africa Intelligence, intitulée « Renégociation du ‘contrat du siècle’ : les dessous du paiement des jetons de présence », publiée en novembre 2024.