Nous sommes en avril 2017, le 4. « C’est comme si, avant de partir, Joseph Kabila voulait nous aider à voir le vrai visage des hommes politiques. » C’est la phrase d’un internaute sur la page de POLITICO.CD. Valentin Mubake, l’homme le plus acariâtre contre Joseph Kabila, à l’image de son maître Étienne Tshisekedi, vient de s’afficher au Palais de la nation. Tout sourire, il annonce être venu « à titre » personnel.
Dehors, sur les réseaux sociaux, c’est la mort de l’opposition politique. « Ils sont tous cupides« , lancent, déprimés, des partisans de l’homme et de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Ce principal parti de l’opposition, également religion, a longtemps incarné l’image même de la ténacité contre le Pouvoir. Extrémiste, l’UDPS a souvent résisté face aux postes ministériels. Pas cette fois-ci.
Étienne Tshisekedi disparu, l’espoir s’est envolé. La lutte aussi. C’est ainsi que ses soldats tombent un par un. Bruno Tshibala, l’étudiant qui se situait aux côtés du Sphinx, le jour de la création même de l’UDPS, ayant résisté au maréchal Mobutu et ses multiples offres de nomination… incarne à lui seul, la nouvelle vague de chutes.
Cependant, il n’est pas le seul. Depuis deux ans, voire plus, la lutte politique pour le départ de Joseph Kabila au pouvoir a laissé place à un vrai déballage, débauchage et contre-pieds. Dans cette scène politique, digne d’une pièce de Molière, on remarque d’abord Vital Kamerhe, qui aura été à la fois transfuge, opposant, proche et nouvel opposant à Joseph Kabila. Il est suivi de près par Olivier Kamitatu. Ancien ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, avant d’avoir fait le tour de tous les états-majors politiques du pays. Il y a aussi le Mouvement de Libération du Congo (MLC), donc la position politique frise les rebondissements de la crise.
Quand ils ne changent pas de position, les opposants congolais sont maladroits. A l’image de Félix Tshisekedi, capable de conditionner l’enterrement de son père, Étienne Tshisekedi, à sa nomination au poste du Premier ministre, où, un peu plus tard, d’appeler à une marche populaire et de sécher celui-ci pour un voyage corrosif. Il y a aussi les fidèles, mais impuissants: Martin Fayulu, candidat à la présidentielle, constant, opposant pour toujours, doit cependant se contenter de Twitter pour appeler au soulèvement. Son ami, Freddy Matungulu, a tout aussi tenté de faire son « Kamerhe », avant de s’éclipser. Qui d’autres? Jean-Lucien Busa? Jean-Pierre Lisanga? Freddy Kita? Google vous aidera pour leurs cas.
Moïse Katumbi? Pour revenir sur lui, est à la fois le seul à n’avoir fait qu’un seul camp politique, et le seul à s’opposer réellement à Kabila, sans risque de se contenter d’une nomination. Néanmoins, l’homme fait, depuis cinq mois, ses valises pour un retour imminent au pays; pour finir par déclarer que « Kabila était bon président jusqu’en décembre 2016« . Mobutu? « N’était pas méchant ». Des hésitations et navettes qui finissent par harasser.
Toujours est-il qu’à la veille d’un énième report des élections, et d’un éternel glissement du pouvoir du président Joseph Kabila, la classe politique congolaise entière perd de plus en plus de crédit aux yeux de la population. Cependant, il y a soudain, Sindika Dokolo, dont le discours séduit. Car, à l’heure où les politiques dégringolent, la lutte citoyenne prend de plus en plus de l’ampleur. A l’image de la France où « La République en Marche » a refait le jeu politique, le gendre du président Edouardo Dos Santos débarque avec un exposé qui écarte l’action des politiques comme solution unilatérale à la démocratisation. La désobéissance civile, la fin de la violence, celle du marchandage… des recettes qui mettent de plus en plus le Congolais lambda au centre de l’initiative politique libératrice.
Là où les partis et les personnalités politiques ont échoué, c’est une foule immense, qui gronde, avance et veut prendre les choses en mains. Sans chef, sans tête, avec les Sindika, Ngoy, Bauma ou les Makwambala comme militants lambda, la démocratisation du pays comme idéal, elle avance et fait silencieusement face à Kabila, aux politiques et à la fatalité.
A l’image du comportement même du pouvoir, qui ne ressent plus aucun frisson vis-à-vis des actions de l’opposition, une force politique déconnectée de la masse populaire. En annonçant rapidement le report des élections, la CENI veut calmer la rue, la nouvelle et réelle menace. Nous assistons lentement à une petite révolution , redoutable, qui va, très bientôt, engloutir les politiques, au profit d’un mouvement citoyen et anonyme ; des personnes meurtries, révoltées et déterminées à libérer leur Congo des mains des leaders politiciens et d’un pouvoir agonisant, qui ont largement échoué.
Litsani Choukran,
Le Fondé
5 commentaires
Vraiment , nous avons une classe politique toxique
qui merite la prison
Haaa OUI, Monieur Mbayo Masusu.
Il faut voir les choses autrement dans ce pays et plus avec les mouvements citoyens , cela pourrait bien évolué et produire de l’espoir libérateur et l’unisson auprès des Congolais.
dommage que les analyses sans passion et sans parti pris comme vous les faites ne sont pas la bienvenue , dans une opinion publique plus critique qu’actif, plus intolérant ou, l’on voudrais ériger la pensée unique comme mode et comme culture. celui qui pense autrement et soit kabiliste ou opposant.
Quel bel article! Tout ce que je demande à Sindika Dokolo est de ne pas se mettre à côté de ceux qui trahissent le peuple. Les déclarations de Katumbi m’ont fait une claque au visage… que Kabila fut bon président jusqu’en septembre 2016. Ouf! Insultes aux jeunes congolais qui meurent dans les mines à la recherche des pépites qui leur apporteraient du souffle alors que Kabila nage dans l’opulence et n’écoute les cris des larmes d’aucun jeune… comme lui. Chance eloko pamba!