Elections en 2018: c’est ce qu’il faut désormais retenir comme position des Etats-Unis au sujet de la crise politique en République démocratique du Congo. « C’est important d’organiser les élections en 2018, si les élections ne sont pas organisées en 2018, la République démocratique du Congo ne pourra pas compter sur le soutien de la Communauté internationale et celui des USA », a dit Mme Haley après sa rencontre avec Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce vendredi à Kinshasa.
Très attendu, l’avis de la nouvelle administration américaine du président Donald Trump prend quasiment tout le monde au dépourvu. A commencer par Joseph Kabila, dont la famille politique de la Majorité Présidentielle a largement soutenu l’annonce de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), affirmant qu’il n’y aurait pas d’élections au pays avant au moins avril 2019.
La majorité et l’opposition en colère
Du côté du président Kabila, on a peu apprécié cette sortie, annoncée de fait avant même de rencontrer le Président. « Mme Haley, comme tout autre partenaire international, a le droit de donner son avis sur la situation dans notre pays, et nous acceptons volontiers cela. Mais ça ne doit pas aller au delà des simples recommandations », réagit un cadre de la majorité au pouvoir joint au téléphone par POLITICO.CD.
« Ses [Mme Haley] paroles ne sont pas d’évangile. Il ne revient pas aux Etats-Unis de fixer la date des élections en RDC. La CENI seule est habilitée à élaborer un calendrier sur les élections. Et s’il y a des problèmes, les Congolais seuls devraient se parler pour trouver une solution« , ajoute-t-il sous le sceau de l’anonymat.
L’opposition non plus ne s’y attendait. Mme Heley qui a rencontré Eve Bazaïba (MLC), Vital Kamerhe (UNC), Pierre Lumbi (G7) et Félix Tshisekedi (UDPS) cet après-midi à Kinshasa, leur a répété la même chose au sujet des élections en 2018. Si l’alliance de circonstance n’a rien dit tout haut, un mémorandum a été remis à l’officielle américaine, appelant pour sa part au départ du président Kabila et à la tenue des élections.
La position américaine est aussi dénoncée du côté des mouvements citoyens. La LUCHA, une des principales organisations de lutte pour la démocratie, a fustigé l’idée via son compte Twitter. « Élections en 2016, 2017, et maintenant 2018? Quoique les autres pensent, puissants soient-ils, c’est au peuple que revient le dernier mot ! » dit le mouvement citoyen.
Certes plus réaliste, la position des Etats-Unis va également à l’encontre de l’accord signé le 31 décembre dernier, soutenu fermement par les Nations Unies et la communauté internationale, et qui exige la tenue des élections « avant » la fin de l’année en cours.