Il a débarqué comme un cheveu dans la sauce politique congolaise. A 45 ans, ce fils du riche banquier Augustin Dokolo Sanu, sorti tout frais de l’intimité des Dos Santos, n’était pourtant pas prédestiné à une implication politique dans son Congolais natal. La faute, sans doute à Joseph Kabila, dont les 16 ans de règne à la tête du pays a mis le Congo et les Congolais par terre, poussant des milliers d’indifférents comme Dokolo à la colère.
A son arrivée et comme souvent dans ce pays en pénurie de leaders, l’homme et ses lunettes rondes, avec son allure bon-enfant, est tout de suite considéré comme un nouveau challenger. Et ses déclarations, de plus en plus radicales contre Kinshasa, n’ont pas démenti cette tendance. Tout de suite, Sindika Dokolo est ajouté dans le panier à opposants. Il embrasse tour à tour les positions de Moïse Katumbi, ou toute celle qui appelle à l’application du fameux article 64.
Cependant, en créant le mouvement des Congolais debout, Dokolo fils ne cesse de beugler son intérêt non pour la politique, mais plutôt orienté à la lutte citoyenne. Une lutte, expliquait-il, qui doit mettre le Congolais au centre d’un changement. Occupés et étourdis par les répressions à Kinshasa, peut l’écoutent alors vraiment.
Dokolo a mûri
Toutefois, alors que la crise politique s’aggrave et que l’opposition patauge face au pouvoir du président Joseph Kabila, avec des difficultés réelles à mobiliser face à l’oppression, Sindika Dokolo entame un virage beaucoup moins politique, et où Joseph Kabila n’est qu’un blocage parmi tant d’autres.
« Plus nous avançons dans la lutte et plus je me rends compte que le défi de la RDC est avant tout celui des mentalités. Nous devons travailler à la révolution des consciences« , lançait-il le 8 décembre dernier via son compte Twitter.
Dimanche, en une vingtaine de minutes, Sindika Dokolo s’étale sur la télévision web Tshangu, revenant de manière précise et concise sur SA vision du futur. « Comment est-ce qu’on peut changer le Congo, par des Congolais« , pose-t-il comme base de son activisme. Il explique ainsi, qu’il s’agit d’une approche qui pousse au changement « à l’intérieur de nous-même« . Celui qui pourra pousser le Congolais à revoir « sa Congolité » dans le but de promouvoir le meilleur.
La crise politique, Joseph Kabila comme problème, Sindika Dokolo l’admet, soutenant l’application certes compliquée de l’article 64 de la Constitution. Seulement, il va beaucoup plus loin: « C’est une mauvaise manière de voir le problème que de le réduire à un individu« , dit-il.
Le problème au Congo, poursuit-il, c’est d’abord un système, une culture, un rapport que l’on a avec l’Etat, une certaine mentalité (…) ce qui fait que fondamentalement, on dit souvent — malheureusement — des Congolais qu’ils acceptent l’inacceptable. Deuxièmement, poursuit-il, il y a le problème des Congolais.
« Travailler sur le Congolais de manière à ce qu’on prenne conscience que l’on doit changer le système (…) et qu’on doit arriver nous-même à changer la manière dont nous voyons notre rapport à l’Etat, dont nous voyons nos relations les uns avec les autres« , explique-t-il comme solution à cette problématique, se refusant toute ambition politique. Car, dit-il, il s’agit de changer la donne de manière fondamentale.
“Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience« , disait le français Jean Jaurès. Le rêve fou de Sindika Dokolo est aussi et surtout un idéal commun que tous devront nous approprier. Une idée, des principes, et une volonté titanesque, à la hauteur certes de ce pays en dégringolade tant dans son âme profonde, que dans son existence en tant que nation. Un électrochoc qui demandera à ce que nul ne soit seul pour le réaliser.
Litsani Choukran,
Le Fondé.