Fidèle à sa ligne de conduite, c’est un Président Joseph Kabila calme qui a fait surface sur la télévision nationale au soir du 31 décembre, pour présenter ses voeux à la nation. Le Chef de l’Etat congolais a une fois de plus appelé les acteurs politiques à « créer désormais toutes les conditions de paix et de stabilité sur l’ensemble de la République Démocratique du Congo » afin, selon lui, de permettre à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de finaliser en toute sécurité le travail de préparation des prochaines élections.
«Maintenant que d’aucuns ont expérimenté les limites et les dérives de la stratégie d’appel à la violence et que tous les prétextes aux complots divers contre la République sont ôtés, j’en appelle au sens de responsabilité de chacun et à l’engagement sincère de tous à créer de véritables conditions de paix, d’espérance et de stabilité sur toute l’étendue du territoire national en vue de permettre à notre centrale électorale, avec le travail de titan abattu dans la révision du fichier électoral, la promulgation de la loi électorale et de répartition de sièges, de finaliser sereinement les listes électorales, en vue de la convocation de l’électorat», a déclaré Joseph Kabila.
La volonté affichée du Président se heurte pourtant aux faits. Pendant même cette allocution, les principales villes du pays, y compris Kinshasa, étaient sous bonne garde de l’armée et de la police déployées en masse dans les rue pour contenir les mouvements de protestations tant de l’opposition que de la société civile et même des religieux à présent.
Du côté de l’opposition justement, on refuse toujours de prendre part à ce processus que l’on accuse biaisé. En l’occurence, explique un député de l’opposition, la fameuse machine à voter imposée par le président de la Commission électorale, Corneille Nangaa, qui pourrait falsifier le vote.
« Nous ne pouvons pas aller aux élections dans ces conditions. Les gens se font tirer dessus dans les rues alors qu’ils manifestent pacifiquement, et le processus lui-même est biaisé par Corneille Nangaa, qui oeuvre au service de la majorité avec une machine électorale qui vise à truquer. Comment voulez-vous que le vote soit démocratique », interroge-t-il.
Du côté du pouvoir, on balaie ces réticences. « Ils n’ont pas envie d’aller aux élections et tout le monde le sait. Ils ont commencé par imposer à la nation une nomination à la Primature, allant jusqu’à bloquer les funérailles de feu Tshisekedi (…) sans compter une transition imaginaire sans le Chef de l’Etat, pour finir par se greffer à l’Eglise catholique, avec des revendications toujours aussi floues, comment voulez-vous suivrez des gens pareils », interroge un cadre de la Majorité Présidentielle.
La situation reste toujours tendue, l’Eglise catholique, qui soutient les initiatives du Comité Laïc, promet de continuer à mobiliser. Pour leur marche reprimée dans le sang le 31 décembre, les chrétiens congolais insistaient surtout sur l’application de l’accord signé en 2016, et qui prévoyait outre la tenue de la Présidentielle avant la fin de l’année 2017, une série de mesure de descrispation politique. Si le pouvoir ne peut plus appliquer l’accord comme entendu par les opposants, il peut tout aussi répondre favorablement aux Catholiques, au risque d’isoler un peu plus l’opposition.