L’un président de l’Assemblée nationale, l’autre ancien Premier ministre. Aubin Minaku Ndjalandjoko et Augustin Matata Ponyo Mapon que le destin n’a uni que par Kabila, se croisent dans une frénétique course au dauphinat: le président congolais ne pouvant pas se représenter à la prochaine présidentielle de décembre 2018, les deux sont en tête de listes pour être désigné à la succession du Président congolais.
Cependant, il ne doit en rester qu’un. Et alors que Joseph Kabila, qui excelle dans l’art du secret, garde jalousement sa décision à l’abri de tous, les prétendants eux, commencent déjà à gesticuler. Dans cette lutte à mort, des coups sont donnés. Ils viennent de partout. Et ils font très mal. Dans ce décor de bataille de Stalingrad, Augustin Matata Ponyo décide malencontreusement de se mettre sous les protecteurs.
Le 3 février dernier, il est proclamé Docteur en sciences économiques à l’Université protestante au Congo(UPC) avec la mention « grande distinction »: histoire de mettre en exergue ses qualités les plus incontestables et de répondre ainsi à Minaku, qui s’est prêté au même exercice à peine deux mois plutôt. Mauvaise idée : c’est de là que viendront les premiers tirs de snipers embusqués et dont on ne saura jamais les identités. Le 14 du même mois, le professeur Mabi Mulumba, Directeur de l’École doctorale de la FASE de l’Université Protestante du Congo, annonce sa démission dans une lettre, dénonçant des irrégularités dans le processus de la présentation de cette thèse de Matata. L’ancien Premier ministre est alors traîné en public, sous la boue, dans la boue: l’homme qui viole son propre décret en la matière.
Coups sur coups
Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir Matata répliquer. Certes, lui le technicien, le technocrate, il ira néanmoins chercher son adversaire dans « son terrain » politique. Le 28 mars, Prosper Tunda Kasongo sort de nulle part et rafle le poste du gouverneur de la province du Maniema: le fief même de Matata Ponyo. Il bat, pour se faire, le candidat PPRD/MP Justin Omolela Selemani dans un score Stalinien de 16 voix contre 6. Le message étant donc clair : « ne venez pas me chercher chez moi ». Un exploit déjà édité par l’ancien Premier ministre avec l’élection de Constant Lomata dans la Tshopo en août dernier.
Cependant, si le Maniema est « la maison de Matata », au sein de la majorité Présidentielle, on dit lui qu’il est en réalité : « la chambre à coucher de Joseph Kabila. » La mère du Président, Mama Sifa Mahanya, y est même née. A la majorité, Aubin Minaku, qui en est le Secrétaire général, avait reçu comme scrupuleuse instruction de tout faire pour garder ce gouvernorat au sein de la famille politique du président Kabila. Le camouflet Tunda Kasongo inflige ainsi un sévère revers au champion politique du Président, tout en portant la guerre froide entre Matata et Minaku à une dimension qui inquiète désormais chez les Kabilistes.
Litsani Choukran,
Le Fondé.