Le 1er février 2017, l’icône de la lutte pour la démocratie en République démocratique du Congo, l’opposant Etienne Tshisekedi, a rendu l’âme dans un hôpital à Bruxelles, laissant l’opposition congolaise au désarroi. Si disparition a été fatale aux anti-Kabila, du côté du président congolais, on s’apercevra vite que même mort, Tshisekedi constituait toujours un tracas. Car en effet, à Kinshasa, Kabila et son pouvoir ne peuvent se permettre un mouvement de foule que des funérailles dignes du « Lider-Maximo » risquent de causer. Dans la foulée, tout sera fait pour que la dépouille de cet homme pourtant vénéré à Kinshasa, ne puisse pas regagner le pays.
Cependant, le destin insiste toujours. Un an et plusieurs mois après, Tshisekedi est toujours au frigo, malgré un accord signé autour de ses funérailles entre les autorités, sa famille et son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Néanmoins, la mauvaise nouvelle arrivera d’ailleurs. De la Haye d’abord, où, comme une blague de mauvais jour, Jean-Pierre Bemba, le féroce ennemi de Kabila, est tout à coup acquitté. Dans la soif de prendre sa revanche contre Kabila et son pouvoir, Le leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) annonce son grand retour dans la capitale congolaise, Kinshasa, la même qui l’adore et qui inonde les rues chaque fois que l’ancien vice-président ose y mettre pied.
Katumbi a (aussi) été la Haye
Le 1er août donc, Jean-Pierre Bemba, le « Roi » de Kinshasa, revient au pays. Et même si ses démarches ont largement été facilitées par les autorités congolaises, l’amitié affichée ce dernier temps risque de jouer un sale tour à Kabila. Car, par la suite, un autre opposant s’est joint à cette euphorie prochaine. Préparant son retour depuis plusieurs mois, Moïse Katumbi fait également savoir qu’il foulera le sol congolais « avant le 8 août ». Si Katumbi n’ose pas communiquer la date exacte de son retour, sans doute parce qu’il est bel et bien celui que Kabila ne veut pas voir à Kinshasa. « Nos équipes sont en train de tour organiser. La date ne sera connue qu’à la dernière minute. Nous ne voulons pas donner des munitions à ces gens qui sont prêts à tout », lance un de ses proches.
Ainsi, Katumbi qui a été critiqué pour les multiples reports de son retour, avait quand même eu le temps de se rendre à la Haye, durant le temps de détention de Bemba. A sa la libération, le leader du MLC a élu domicile à Bruxelles, une ville où vit l’ancien gouverneur du Katanga en exil depuis deux ans. Une situation qui transforme les deux retours téléphonés en une stratégie politique visiblement bien calculées.
Nous voilà donc dans une situation tendue pour Kinshasa. Comment alors interdire le retour de Katumbi et autoriser celui de Bemba. Au mieux, comment interdire les deux ? Par ailleurs, dans une ville fournaise pour Kabila, laisser les foules s’étaler dans les rues deux fois successives en une période aussi tendue que courte devient un enjeu de vie ou de mort du régime de Kinshasa. Quoi qu’il arrive, pour une fois, les opposants congolais ont joué une partition de maître.