« A quoi joue la Belgique au Congo ? » La question est posée par le journal LE SOIR, pourtant abonné contre Kinshasa depuis le bras de fer qui oppose les autorités belges au pouvoir du président Joseph Kabila. « Sans ambassadeur à Kinshasa depuis près d’un an, la Belgique perd du terrain face à d’autres pays comme la France qui ne demande qu’à prendre la place de l’ancienne puissance coloniale. Les milliers de Belges sur place se posent beaucoup de questions à l’approche des élections du 23 décembre« , renseignent nos confrères.
Dans un très long article publié le lundi, COLETTE BRAECKMAN ET PHILIPPE DE BOECK, deux connaisseurs de la situation politique en RDC ont dénoncé la politique étrangère belge au sujet de Kinshasa dans des termes très forts. La diplomatie belge, expliquent-ils, s’est longtemps efforcée de pousser l’opposition à s’unir autour d’une candidature unique, encourageant de nombreuses réunions qui se sont tenues à Genval, à Bruxelles, en Afrique du Sud et à Genève.
« Le gouvernement belge considérait, à juste titre, que dans un scrutin réduit à un seul tour, seul un candidat fédérant toute l’opposition aurait des chances de l’emporter face à la « machine » mise en œuvre par la majorité présidentielle, le Front commun congolais (FCC), une vaste coalition rassemblant plus de 250 partis et associations« , renseigne-t-on.
Malgré cette activité diplomatique auprès des opposants, les belges sont surpris par les résultats. Alors qu’à Genève, avec les retraits spectaculaires de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe de cet accord, l’opposition ses montrée désunie, décevant au passage les autorités de l’ancienne puissance coloniale.
« C’est une catastrophe, nous assure un homme d’affaires local, nous essayons de faire oublier notre nationalité, de nous fondre dans le paysage… Dans des domaines où l’expertise belge était reconnue, des contrats sont signés avec d’autres intervenants. Par exemple, c’est une association entre l’Espagne et la Chine qui a décroché le méga-contrat de la centrale hydroélectrique Inga 4… »
« Certains membres de l’opposition devenu des familiers de la rue des Quatre Bras, comme Moïse Katumbi et ses lieutenants, est apparu prématuré. Malgré sa popularité, ses relations et ses moyens financiers, l’ancien gouverneur du Katanga, parti en campagne trop tôt, a été rattrapé par des problèmes de passeport et de nationalité et n’a pu déposer sa candidature« , explique-t-on.
« La nouvelle ambassade de Belgique, au milieu du boulevard du 30 Juin, ressemble à un vaisseau fantôme, et les relations officielles entre Bruxelles et Kinshasa ont atteint leur niveau le plus bas depuis les grandes crises belgo-zaïroises du début des années 90« , regrettent nos confrères.
Par ailleurs, l’idée des autorités belges de soutenir une transition supposée sans Kabila en prend aussi pour son compte. « Cette hypothèse, qui séduisait des intellectuels et des activistes des droits de l’homme, ne répondait cependant pas à deux questions importantes : comment faire partir un Kabila qui n’a cessé de renforcer son armée et comment vaincre la réticence des voisins africains, peu désireux d’encourager un saut périlleux qui pourrait se reproduire chez eux ? » interroge-t-on dans ce papier à lire ici.