2016, Etienne Tshisekedi fait face à Joseph Kabila. A la tête de la coalition du Rassemblement, aux côtés de son fils, Félix Tshisekedi, il veut chasser « le Dictateur Kabila » du pouvoir. Dans ce bras de fer inédit entre les Tshisekedi et les Kabila, s’en suit alors des épisodes tragiques de trahison politique en République démocratique du Congo. Dos au mur, alors que le Sphinx inonde une fois de plus les rues de Kinshasa et refuse de dialoguer, Kabila s’offre un petit repris, en organisant un mi-dialogue à la Cité de l’Union Africaine, conduite notamment, du côté de l’opposition, par un certain Vital Kamerhe. Et même si l’opposant, devenu aujourd’hui Directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, s’est fait doubler ; Kabila aura pourtant eu le temps de causé d’énormes dégâts à Limete.
17 novembre 2016, Augustin Matata Ponyo, recordman congolais de séjours à la Primature, laisse sa place au premier des traîtres des Tshisekedi, Samy Badibanga. Dans ses bagages, une trahison la plus intime. « Médecin personnel » du patriarche Etienne Tshisekedi, Oly Ilunga traverse chez Kabila, où il est nommé Ministre de Santé. L’onde de choc se fait ressentir à Limete. Le Sphinx, racontent des proches de l’époque, est « profondément affecté. «
Ilunga, un intime des Tshisekedi
Car en effet, Ilunga Kalenga Tshimankinda, né le 24 juin 1960 à Élisabethville, d’un père militaire, est bel et bien un pur produit du Tshisekedisme. S’il a toujours démenti avoir été « le Médecin personnel du Sphinx », le 30 octobre 2014, un communiqué le désigne pourtant « Assistant du Président de l’UDPS ». Le 27 juin 2015, Tshisekedi le désigne pour lire son « message au peuple congolais » à l’occasion de la commémoration du 55ème anniversaire de l’Indépendance. « J’étais le premier surpris par cet honneur. Je crois qu’il m’a choisi peut-être parce que je me trouvais à deux pas de lui », minimisera « Docteur Jim » dans une interview au site CongoIndependant à l’époque. Mais le fait est qu’à Limete, où la Santé sacrée du Sphinx prend le poids de l’âge, nul n’a le droit de prendre son pouls, sans être dans le dernier carré.
Oly Ilunga sera donc un diable incarné chez Saint-Tshisekedi. Les trahisons qui suivent n’aident pas. Valentin Mubake s’en va « saluer » Kabila en tant que « personnalité » politique et se fait virer de Limete. Bruno Tshibala, après un court séjour à Makala, et une visite éclair chez le Sphinx, atterrit à la Primature en avril 2017, quelques semaines seulement après la disparition même du « Lider Maximo », et l’épisode le plus tragique que connaîtra les Tshisekedi, dans le bras de fer bloquant l’inhumation du patriarche. La repentance de Badibanga, qui revient près de Félix Tshisekedi en soutien, avant de finir 1er vice-président du Sénat, n’aide non plus.
Mais dans la Cour de Tshisekedi, rien ne s’oublie. Alexis Mutenda en sait quelque chose. Dans un miracle politique que seul le Congo a le secret, Félix Tshisekedi, le fils du père, remporte la Présidentielle. Les Tshisekedi arrivent au pouvoir. Il est temps d’expier. Maman Marthe, l’épouse très politique et vénérée du Sphinx, qui passera deux ans à dormir à même le sol, n’oubliera pas. Et ça tombe bien. Oly Ilunga doit faire face à la montée d’inquiétudes autour d’Ebola qui s’attaque désormais aux grandes villes dans le Nord-Kivu. Lui qui, on se sait pourquoi, a pris soin d’écarter « Monsieur Ebola », le Docteur Muyembe, de la gestion.
Coupable idéal
« Docteur Jim » saute pourtant premier et démissionne. Mais ses ennuis commencent. Il est vite poursuivi. Interdit de quitter le territoire. En toile de fond, des charges solides. Il est simplement accusé d’avoir détourné 4, 3M de dollars américains alloués à la lutte contre la maladie à virus Ebola. Pour autant, les pièces comptables démontrent que sous Oly Ilunga, le gouvernement congolais a financé la riposte en hauteur de 2,4M ! Mais la police s’en mêle. Elle arrête le Docteur congolais visiblement en train de tenter de quitter le territoire vers Brazzaville, alors qu’Ilunga se dirigeait vers un rendez-vous au centre-ville de Kinshasa.
En janvier dernier, l’Ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa, Mike Hammer, l’un des plus fervents soutiens à Félix Tshisekedi, conditionne cependant les investissements américains à des « signaux forts » dans la lutte contre la corruption en RDC. Le 3 septembre, Le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a achevé ses consultations, au titre de l’article IV, avec la République démocratique du Congo. Parmi ses « recommandations », le FMI appelle les autorités congolaises à s’activer dans la mise en place des mesures pour la lutter contre la corruption. « Les administrateurs ont convenu que la lutte contre la corruption et l’amélioration de la gouvernance étaient essentiels pour renforcer l’efficacité des dépenses publiques et les perspectives de croissance« , conditionnant leur aide.
A l’heure où Félix Tshisekedi est appelé à donner des signaux forts de ses ambitions dans la lutte contre la corruption, au moment même où son propre Directeur de cabinet est cité dans un dossier de détournement présumé, Oly Ilunga tombe comme un cheveux dans la sauce et se présente désormais comme un coupable expiatoire idéal d’un conflit familial.