D’abord un double message du vice-premier ministre en charge de l’intérieur Gilbert Kankode, le 19 septembre, renvoyant dans un premier temps le gouverneur de la province du Kongo central et son adjoint dans leur province pour se mettre à la disposition des élus provinciaux dans l’affaire du scandale sexuel ; et dans un deuxième temps précisant que le ministre de l’Intérieur de cette province continuait à assumer l’intérim du gouverneur.
Ensuite, un communiqué du FCC le 21 septembre, révélant à l’opinion, l’arsenal de ses cadres mobilisés pour « une mission urgente » du 22 au 25 de ce mois au Kongo central, « pour s’enquérir de la situation politique du gouvernorat sur place ». Comprendre qui pourra : pour envoyer Atou Matubuana et Justin Luemba au tribunal, et prendre ainsi sa revanche.
La gifle !
Elle a frôlé l’impolitesse celle-là ! À l’approche des élections des gouverneurs et vices gouverneurs, le FCC zappe le gouverneur intérimaire et ancien vice-gouverneur du Kongo central Atou Matubuana Nkulunki, aussi membre du PPRD. Préférant aligné l’ancien gouverneur de cette province Simon-Floribert Mbatshi Batshia, aussi du PPRD. Atou, va rappeler son existence aux « faiseurs des rois » de la famille politique de Joseph Kabila, en se présentant en indépendant. L’histoire est connue.
La première confrontation, juridique, entre les deux candidats gouverneur ne donnera ni vainqueur ni vaincu. La Cour d’appel du Kongo central valide la candidature d’Atou Matubuana comme celle de Simon-Floribert Mbatshi Batsha. Cependant, politiquement, c’était une première victoire d’Atou Matubuana face à la machine FCC qui ne jurait qu’à l’invalidation de sa candidature.
Quelques jours plus tard, dans l’arène de l’Assemblée provinciale du Kongo central, rien ne changera. Atou Matubuana obtient 26 voix sur 41, contre 10 du candidat FCC Simon-Floribert Mbatshi Batsha et se confirme comme « leader de la décennie » au Kongo central. Il inflige ainsi « une gifle » au FCC, particulièrement au PPRD, que ce dernier aura du mal à digérer.
La légende raconte même que Atou n’a pas été invité à la fête organisée par le PPRD en l’honneur de ses membres élus gouverneurs des provinces.
La faille !
Tout allait bien dans « l’État décentralisé » du président Atou Matubuana, jusqu’à ce qu’apparaissent une vidéo sur la toile, dans laquelle le vice-gouverneur Justin Luemba à moitié nu, est accusé d’avoir violé l’assistante du gouverneur Atou Matubuana, Mimi Muyita. L’accusé crie à un piège du gouverneur, son titulaire Atou Matubuana.
Ses cris seront d’ailleurs confirmés plus tard par le procureur général près la Cour de cassation qui dit détenir des preuves que Atou Matubuana a été me commanditaire de cette scène.
Cerise sur le gâteau, le FCC saute sur l’occasion et dit avoir retiré sa confiance à Atou Matubuana et Justin Luemba à qui il demande de démissionner, une façon pour lui « de combattre les anti valeurs ». S’en suivra le rappel à Kinshasa du gouverneur et son adjoint par le ministre de l’intérieur national intérimaire Basile Olongo, ainsi que la désignation du ministre de l’intérieur provincial comme gouverneur intérimaire.
Dernier round !
Le nouveau vice-premier ministre, ministre de l’intérieur Gilbert Kankonde a fait le Ponce Pilate, remettant le sort d’Atou Matubuana et Justin Luemba à l’Assemblée de la province du Kongo central, pour en disposer comme elle l’entend. La même Assemblée qui a préféré l’indépendant Matubuana, au FCC Mbatshi Batsha il y a quelques mois.
Une autre victoire politique d’Atou Matubuana tout de même dont la marge de manœuvre sur terrain s’élargit, que s’il était cloîtré à Kinshasa.
Redoutant une autre mauvaise surprise, le FCC a jeté tous ses caïmans dans l’eau pour remporter la victoire sur l’enfant jugé » rebelle « .
Après la débâcle de Lambert Mende au Sankuru, le FCC a fait bloc pour endiguer la menace Bahati Lukwebo au Sénat. Ainsi il est venu à bout de l’autorité morale de l’AFDC-A. Quelle histoire se répétera au Kongo central ? Celle du FCC qui impose sa logique dans ses rangs ? Ou celle d’Atou Matubuana qui tourne une fois de plus l’Assemblée provinciale en sa faveur?
En tout cas, le nom de l’ancien ministre des affaires étrangères sous la formule 1+4, et ancien ambassadeur itinérant de Joseph Kabila, Antoine Ghonda ne cesse de circuler comme prochain candidat gouverneur du FCC à la province du Kongo central. Avec ça, le départ d’Atou Matubuana semble déjà avoir été scellé par l’autorité morale du FCC.