Les histoires d’amour finissent en général mal. Celle entre Joseph Kabila et Félix Tshiskedi risque de connaître la même fin. Entamée à l’aube des élections du 30 décembre 2018, la coalition entre le Front Commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le Changement (CACH) transverse des turbulences. Depuis plusieurs jours, des leaders de chaque camp se rentrent dedans.
Séparation de corps
Tout commence à peu près au lendemain du crash d’avion transportant des membres de la Présidence congolaise, tuant des proches de Félix Tshisekedi. A Kinshasa, au liège de son parti, l’UDPS, une colère éclate. L’ancien principal parti d’opposition, connu pour sa fougue, accuse alors Joseph Kabila d’avoir tenté d’assassiner son leader, Félix Tshisekedi. Des militants déscendent dans la rues et brûlent un siège du PPRD. Ceci n’étant pas la première fois. Car depuis l’arrivée au pouvoir de Tshisekedi, ses militants ont déjà attaqué des sièges du parti de Kabila, notamment à Kinshasa et à Lubumbashi.
Les jours qui ont suivi, le PPRD annonce une grande réunion à Lubumbashi, dans le sud-est du pays. Prenant la parole lors de ces assises, Emmanuel Shadary, ancien candidat battu par Tshisekedi à la Présidentielle, annonce le grand retour de Joseph Kabila. Le PPRD clame que ce dernier devrait les représenter à la prochaine présidentielle de 2023. Des proches de Kabila affirment, sous anonymat, que l’accord de coalition signée entre Félix Tshisekedi et leur leader, jamais revelé, stipulent que Tshisekedi soutiennent la candidature de Kabila à cette Présidentielle prochaine.
L’impossible divorce
A Kinshasa, Augustin Kabuya, Secrétaire général du parti de Tshisekedi, n’apprécie pas du tout cette sortie. D’autant plus que cette annonce du retour de Kabila, Emmanuel Shadary n’a pas hésité à égratiner son parti. « Nous n’allons pas construire un Congo émergent sous un régime décrété officiellement régime d’impunité », a-t-il dit.
“Je ne peux jamais tolérer qu’on manque de respect au chef de l’Etat Félix Tshisekedi. Car, il n’est pas leur ami. Ils ne peuvent pas se moquer de l’Udps” gronde Augustin Kabuya. “Ce que Emmanuel Ramazani Shadary a fait, il a exposé Joseph Kabila à la vindicte populaire, au lieu d’évaluer comment les 150 millions USD destinés à la campagne électorale ont été sous gérés sous sa bannière en tant que Secrétaire permanent du parti et candidat à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier”, réplique-t-il.
L’escalade verbale entre Shadary et Kabuya reste néanmoins une petite partie visible d’un malaise profond. Car si les relations ont toujours été tendues entre les deux alliés au pouvoir, la volonté désormais affichée des partisans de Kabila à reconquérir le pouvoir risque de mettre en mal l’avenir de cette coalition appellée à diriger jusqu’en 2023. D’autant plus qu’un divorce risquer d’exposer la RDC à une situation beaucoup plus compliquée.
Car en effet, si Joseph Kabila a la majorité au Parlement congolais, capable même de démettre Félix Tshisekedi, ce dernier a la rue à ses côtés. Il pourrait par ailleurs compter sur le soutien dans une confrontation directe avec les Kabilistes. Il sera alors impossible au FCC de garder la parcelle du pouvoir qu’il a, au risque de plonger le pays dans des violences. Les deux sont donc obligés de rester ensemble, du moins jusque 2023.
Un commentaire
Bel article, mais trop de fautes d’orthographe