Les victimes, principalement des femmes et des enfants, ont été tuées lors d’attaques brutales menées principalement de nuit, précise l’évaluation menée par cette équipe d’experts, qui comprenait des spécialistes politiques, militaires et logistiques, sous la direction du général brésilien Carlos Alberto Dos Santos Cruz.
Le général Santos Cruz a été par le passé Commandant de la Force de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) d’avril 2013 à décembre 2015. Une période au cours de laquelle les Casques bleus de la mission onusienne ont lutté contre les combattants rebelles du M23.
Le nombre élevé de victimes civiles au Nord-Kivu a été l’un des principaux déclencheurs de manifestations violentes contre la MONUSCO.
Des manifestations qui ont notamment conduit à la destruction et au pillage d’un bureau de la mission onusienne à Beni le 25 novembre. Cinq jours plus tard, le chef des opérations de paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix, avait été dépêché par le Secrétaire général de l’ONU à Beni pour exprimer la solidarité des Nations Unies avec la population congolaise et le personnel onusien.
Les attaques perpétrées contre des civils dans l’est de la RDC ont eu lieu dans le contexte d’une offensive majeure lancée par les forces armées congolaises (FARDC) contre les ADF le 30 octobre dernier.
« Depuis 2014, les ADF ont systématiquement exercé des représailles contre les civils pour contrecarrer les opérations de l’armée congolaise menées contre eux », soulignent les Nations Unies dans une note à la presse diffusée mardi par le porte-parole du Secrétaire général.
De retour de RDC, M. Lacroix avait demandé le 9 décembre au général Santos Cruz de mener une évaluation indépendante de la réponse de la MONUSCO au grand nombre d’attaques menées contre les civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri qui ont également visé les opérations de riposte à Ebola.
L’évaluation demandée visait à établir les circonstances ayant conduit aux attaques, à évaluer la capacité de la Force de la MONUSCO à s’acquitter efficacement du mandat de la mission onusienne, à savoir assurer la protection des civils menacés de violence physique, neutraliser les groupes armés dans la région de Beni, et fournir un environnement sûr pour la riposte à Ebola.
L’évaluation indépendante a conclu que la protection des civils sur le territoire de Beni nécessite une réponse globale, impliquant toutes les composantes de la MONUSCO et de l’équipe-pays des Nations Unies en RDC, ainsi que des partenaires extérieurs.
L’équipe d’experts a recommandé que la MONUSCO, le siège des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes coordonnent leurs actions « pour améliorer l’état d’esprit, les capacités et la mobilité de la Brigade d’intervention de la Force de la MONUSCO » afin de mieux faire face à la menace non conventionnelle posée par les ADF, dans un environnement particulièrement difficile.
« Ces groupes sont des groupes armés mais aussi sont aussi une forme de crime organisé », a expliqué le général Santos Cruz dans un entretien accordé à ONU Info . « Ils maîtrisent de nombreuses activités lucratives illégales transfrontalières avec les pays voisins. Il est donc difficile d’agir contre eux car ils n’ont pas d’agenda politique mais un comportement criminel », a précisé l’officier militaire brésilien.
L’évaluation indépendante dirigée par le général Santos Cruz a noté qu’une coopération renforcée entre la MONUSCO d’une part, et les forces armées (FARDC) et la police congolaises d’autre part, est essentielle pour capitaliser les gains réalisés par les FARDC lors de cette dernière offensive contre les ADF.
Le général Santos Cruz a présenté mardi au Conseil de sécurité les conclusions de l’évaluation, soulignant notamment « les structures qui doivent changer pour avoir plus d’activités de la mission opérationnelles » dans la région de Beni.
Au-delà des opérations militaires, l’évaluation recommande l’élaboration d’une stratégie globale et conjointe entre le gouvernement congolais et la MONUSCO, « y compris au niveau politique », pour lutter contre les ADF et lutter durablement contre l’insécurité dans la région de Beni.
Le Département des opérations de paix des Nations Unies va élaborer un plan d’action pour mettre en œuvre les principales recommandations de cette évaluation à travers des « mesures pratiques », a indiqué le général Santos Cruz.
Thierry Mfundu