GRAND ANGLE. Après l’énième attaque attribuée aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) près de Beni la nuit dernière, causant plus de 35 morts de sciviles innocents, le gouvernement congolais affirme faire face à un groupe terroriste pratiquant du « Djihadisme international ». Une affirmation remise en cause par l’opposition congolaise et l’opinion publique à travers les réseaux sociaux.
Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais et ministre de communication et des médias, a affirmé, une fois de plus, que la République démocratique du Congo fait désormais face à un groupe « terroriste international », déplorant le « manque de soutien » de la communauté internationale sur ce fléau qui frappe pourtant le monde entier.
Dans son intervention sur Politico.cd, le ministre Mende a insisté sur le fait que son pays affronte un groupe qui applique ce qu’il qualifie de « Djihadisme international », et en appelle à la Communauté internationale d’intervenir.
Cette intervention de Lambert Mende a suscité un véritable tollé sur les réseaux sociaux et auprès des opposants congolais qui, pour eux, le gouvernement « cache ses faiblesses » derrière un groupe terroriste « imaginaire ».
Martin Fayulu, président d’un parti politique de l’opposition parle de « crise artificielle », alors que Moïse Katumbi, un autre opposant au gouvernement du président Joseph Kabila, parle de l’irresponsabilité du gouvernement » à « sécuriser les populations » civiles.
Des camps djihadistes pour enfants repérés en 2015
Pour autant, les massacres dans cette région meurtrie de l’Est de la République démocratique du Congo n’ont pas commencé aujourd’hui. Et, malgré le soutien de la plus importante mission de maintien de paix des Nations-Unies au monde (la MONUSCO), les assaillants à peine identifiés continuent de causer la terreur au sein des populations civiles.
Ni la présence du président Joseph Kabila, encore moins le déploiement massif des Forces armées congolaises et celles de la Monusco semblent venir à bout de ces force obscures.
Pire, l’idée d’un groupe terroriste n’est pas née du gouvernement congolais. En juillet 2015, l’association AED (Aide à l’Eglise en Détresse), qui est une fondation internationale catholique de droit pontifical, qui aide les chrétiens menacés, persécutés, réfugiés ou dans le besoin; était la première à évoquer cette hypothèse.
En effet, Maria Lozano, vice-directrice des communications de l’AED, a révélé le 20 juillet 2015, la présence de trois camps situés sur les montagnes de Ruwenzori, regroupant 1 500 enfants âgés de neuf à quinze ans ; pour la plupart orphelins mais aussi des enfants attirés avec la promesse d’échapper à la pauvreté. Parmi ces enfants embrigadés : des garçons auraient été aperçus avec des tenues de camouflage, faisant des exercices militaires ; les filles quant à elles, qui ont l’obligation de porter la burqa, seraient préparées à se marier avec des combattants islamistes. Pire, Maria Lozano déclarait que des fillettes seraient soumises à l’esclavage sexuel, des pratiques qui ne sont pas sans rappeler celles du groupe Islamiste radical opérant en Afrique de l’Ouest, le Boko Haram.
En outre, cette fondation basée en Allemagne, et qui a séjourné dans l’Est de la RDC, affirmait que la présence de fondamentalistes musulmans pakistanais, parmi les membres de l’Organisation des Nations Unies chargé de veiller à la Stabilisation de la République Démocratique du Congo (MONUSCO), laisse sous entendre leur complicité dans la présence soudaine de ces camps djihadistes dans un pays en majorité de chrétiens. Ces membres de l’ONU seraient à l’initiative d’écoles coraniques et de chantiers de mosquées en cours de construction.
Le témoignage de la vice-directrice des communications de l’AED est disponible en intégralité sur le site de l’AED .
Toutefois, à ce jour, aucune autre source n’a pu confirmer ces allégations. En outre, la crise politique actuelle en République démocratique du Congo, couplée par la volonté, soupçonnée, du président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au delà de son dernier mandat présidentiel qui s’achève en décembre prochain, jette un sérieux doute sur les affirmations des autorités congolaises.
La Rédaction Politico.cd et Paternaires.