C’était le 29 avril 1997, Mobutu miné par la maladie, reçoit chez lui une délégation américaine de haut niveau. Elle est conduite par l’ambassadeur des USA auprès des Nations unies, Bill Richardson, et qui comprend des diplomates, des membres du Conseil national de sécurité et
des Agents de la CIA déguisés en diplomates.
Leur visite n’a qu’un seul but: « faire comprendre au “Roi du Zaïre” qu’il ne pourra plus jouer les uns contre les autres, et qu’il lui faut accepter sa “dernière chance” de partir “dans l’honneur et la dignité”.
En échange, Washington garantit sa sécurité personnelle et de sa famille.
À l’occasion, une lettre du président américain, Bill Clinton, lui est remis par Richardson.
Cette lettre incite Mobutu à rencontrer Laurent-Désiré Kabila dont les troupes sont à moins de 100 km de Kinshasa, la capitale.
Il lui est également demandé de nommer une équipe chargée de négocier le transfert du pouvoir.
Faute de quoi, ajoute Richardson, “votre cadavre sera traîné dans les rues […] et nous n’y pourrons rien”.
Cette scène qui date de près de 23 ans déjà pourrait être celle vécue par le président honoraire Joseph Kabila lorsqu’il reçoit dans son domicile, la visite de J. Peter Pham, l’ambassadeur nommé nouvel envoyé spécial des États-Unis dans la région des grands lacs le vendredi 14 février dernier.
Dans cet entretien où tous les actes du langage ont été si bien représenté, illustrent combien l’empoignade des mains entre les deux hommes relève plus d’une mise en scène formelle que d’une audience riche et fructueuse.
Le diplomate américain s’est mis devant sans sourire et l’air ferme. Il ne regardant même pas son interlocuteur.
De l’autre côté, un Kabila empoignant la main du diplomate avec un sourire sarcastique peut-être moqueur comme il sait si bien le faire.
La nomination de ce chercheur controversé qui a préconisé la balkanisation de la RDC afin de lutter contre les violences 2018 par le département d’État, était vu par beaucoup comme un moyen de pression de l’administration Trump contre le regime Kabila à l’époque qui tentait des manoeuvres frauduleuses afin de demeurer au pouvoir.
« Plutôt que d’édifier une nation, c’est le contraire qui est nécessaire pour mettre fin à la violence au Congo: diviser un État en faillite chronique en unités organiques plus petites dont les membres partagent un large accord ou ont au moins des intérêts communs en matière de sécurité personnelle et communautaire », avait il écrit dans un article.
Son message après la rencontre avec Joseph Kabila est tout aussi sublimal que la chanson du même nom interprétée par Maitre Gims.
« Merci au Président honoraire Joseph Kabila pour l’opportunité pour l’ambassadeur des USA et moi d’avoir une discussion franche et approfondie avec lui sur l’avenir de la RDC et les obstacles qui entravent la paix, la prospérité et l’état de droit que son peuple veut et mériter », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Pourquoi échanger avec un ex-président sur l’avenir de la RDX et les entraves à la paix? La question reste posée.
Alors qu’il y a si peu parlant de la coopération entre les USA et la RDC, la même personne a fait mention de la présence des plusieurs généraux sanctionnés comme un frein à cette coopération.
« Malheureusement, nous sommes limités du point de vue militaire parce qu’il existe encore dans les rangs de l’armée des généraux qui sont sanctionnées soit par nous, soit par l’Union européenne soit par l’ONU. C’est difficile pour nous du point de vue légal de faire plus tant que ces personnes sont encore dans l’armée », avait il dit à la fin de son entrevue avec Félix Tshisekedi mercredi à Kinshasa.
Or, plusieurs proches de Joseph Kabila sont dans ce cas comme le Général Amisi Kumba dit Tango Fort, le Général Jhon Numbi, etc.
L’incise du diplomate dans son tweet: « son peuple veut et mériter » n’est pas aussi anodin.
S’il y a donc, des entraves contre un peuple, le chef doit foncièrement les connaître ou en être l’instigateur?
Or avant de voir le président honoraire, Peter Pham a eu à rencontrer tour à tour le cardinal Ambongo, JP Bemba, Moïse Katumbi et Martin Fayulu y compris les personnalités de la société civile.
Que cache alors ses visites intempestives auprès de la classe politique congolaise ?
Or cette démarche a été aussi observé auprès du chargé d’affaires de l’ambassade britannique en RDC qui a fait le tour de tous les hommes politiques congolais.
Cela ne rappelle-t-il pas le rôle joué par Bill Richardson avant la chute de Mobutu? Ou peut-être de Madeleine Albright à Mzee Laurent-Désiré Kabila?
Notons qu’avant de répondre à la lettre de Bill Clinton, Mobutu s’inquiète du risque de voir les rebelles profaner la tombe de sa mère à Gbadolite.
Mais l’ultimatum américain appelle une réponse immédiate. Il s’y soumet. Ses collaborateurs rédigent une lettre destinée à Clinton. Lorsque la délégation revient, Mobutu a changé d’avis. Plus question de démissionner. Il accepte seulement de rencontrer Kabila. […] et moins d’un mois après, les petits kadogos ont fait chuter l’aigle de Kawele du haut de son piédestal.
Thierry Mfundu
3 commentaires
Mais le message est clair il suffit juste de connaître les signes du temps. La loi averti avant de frapper
très déçu de ta réaction, est ce que dans ta tete tu as une idée de qui est Peter Pham est de ce que cache sa démarche? le Mr et son équipe ( Think Thanks ) veux la balcanisation de la RD congo. ils savent tres bien qui est JKK.
Joseph Kabila est un patrimoine national pour les congolais, alors moi personnellement je ne serai pas d’accord que la diplomatie américaine pense que il peut nous le ravir d’une façon où d’une autre.
Il ne nous le prendrons pas comme les occidentaux l’ont fait avec Lumumba.