Lors de la table ronde sur la promotion de l’exportation des produits congolais, organisée en 2018 à Kinshasa, Aimé Ngoy Mukena, alors ministre des Hydrocarbures, avait révélé que « 24 provinces de la RDC regorgent le pétrole ». « Toutes nos provinces, à l’exception de deux (dont il n’avait pas cité les noms), sont assises sur du pétrole. Dans le bassin côtier, par exemple, une seule petite est en exploitation avec une production annuelle de 9 millions de barils. Dans les tout prochains jours, d’autres entreprises, qui sont très avancées dans la phase d’exploration, pourront également commencer la production en on et offshore. À cela, il faut ajouter le pétrole qui se trouve dans la Cuvette centrale. Il est important de souligner que même le lac Kivu contient du pétrole« , avait-il affirmé. La RDC s’engageait alors dans la logique de « raffiner ses produits pétroliers pétroliers dans un avenir proche ».
LE PÉTROLE DE MUANDA
Le territoire de Muanda renferme des gisements de pétrole dans le bassin sédimentaire situé sur le littoral Atlantique sur une superficie d’environ 7.000 Km² (dont 86% à terre et 14% en mer). Des experts signalent que cette zone correspond à une extension des champs pétrolifères du Cabinda angolais sur la RDC.
« La prospection pétrolière date d’avant 1940 avec le géologue Hoffman mais l’exploitation pétrolière, quant à elle, remonte à 1963 avec le premier forage du puits Lindu–1 par SOCOREP (la concession fut octroyée en 1959). Les travaux géologiques et géophysiques entrepris entre 1959 et 1982 ont abouti à la découverte de cinq champs pétroliers. L’intense activité de recherches a abouti à l’identification de sept champs pétroliers en 1976. Aujourd’hui, le nombre de puits est estimé à 235 à la fin de 2012, selon certains chercheurs, et 800 par la population locale. Ces puits sont éparpillés dans la région de Moanda et, parfois, voisins de pauvres cases des populations« , précisent-ils.
L’entreprise Perenco, qui gère l’exploitation pétrolière locale, a fait partie des nominés pour le prix Pinocchio «Mains sales, poches pleines», organisé en 2014 par l’association Les Amis de la Terre. Toutefois, ce prix n’a finalement pas été attribué à Perenco qui s’efforce de remplir sa responsabilité sociale dans un contexte de grande précarité socio-politique dans le pays.
« L’État n’assure pas la rétrocession constitutionnellement reconnue à la province et est quasi absent au niveau des interventions sociales et actions de développement dans cette partie du territoire national congolais. Les attentes des populations se rabattent sur les entreprises privées présentes à Muanda. Pour apporter des réponses progressives aux attentes des populations, les sociétés pétrolières, grâce à leurs budgets sociaux conventionnels, réalisent des actions sociales sur le terrain par le biais du COCODEM, interface entre ces sociétés et les communautés locales« , relèvent les mêmes experts.
L’entreprise PERENCO REP est actuellement en phase de production dans le Bassin côtier qui représente l’ensemble de l’exploitation pétrolière de la RDC. « Sur instruction ferme du Chef de l’État, le raffinage est inscrit à l’ordre du jour. Avec la production de 21.000 barils par jour de PERENCO REP, nous pourrons résoudre le problème de la ville de Kinshasa qui n’a besoin que de 2.000 mètres cubes de carburant par jour. Avec la production du Bassin côtier, nous serons en mesure de satisfaire la demande journalière de la ville de Kinshasa en termes de carburant. Il faut noter que la Centrafrique dépend aussi totalement de la RDC pour son approvisionnement en carburant. Et même le carburant de Brazzaville passe, notamment, par nos pipelines. Il est prévu aussi de mettre en place des raffineries mobiles « , avait projeté le gouvernement congolais.
EXPLOITATION DU PÉTROLE DANS DES PARCS NATURELS
En juin 2018, la RDC avait officialisé son projet d’exploiter du pétrole dans les parcs naturels des Virunga (nord-est), le plus ancien d’Afrique, et de la Salonga (centre).
« Le gouvernement projette le déclassement, par décret, d’une zone à intérêt pétrolier dans les deux parcs « , selon le compte-rendu du Conseil des ministres du 8 juin 2018.
Le gouvernement congolais avait précisé que « la zone d’intérêt pétrolier concerne 172.075 hectares des Virunga, soit 22,5% de la surface totale du parc« , pourtant classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour le parc de la Salonga, le Conseil des ministres n’avait donné aucun chiffre.
Ce projet avait été dénoncé par l’ONG Global Witness qui en avait demandé l’arrêt, à cause « des conséquences catastrophiques » pour l’environnement. « Le parc de la Salonga abrite près de 40% de la population mondiale des bonobos tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour ne nombreuses espèces protégées, les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde« , avait-elle argumenté.
Dans les Virunga, les réserves pétrolières sont estimées à 6.758 milliards de barils avec les recettes additionnelles de 7 milliards USD.
LES RECETTES PUBLIQUES DU PÉTROLE PROJETÉES À 256 MILLIONS USD EN 2020
Les recettes publiques du secteur pétrolier sont projetées à 256 millions USD en 2020, soit quasi inchangées par rapport à 2019. « Les projections 2020 des recettes venant des pétroliers producteurs sont évaluées à 432 013 657 836 CDF (256,54 millions USD au taux moyen annuel 2020 de 1684 Francs congolais le dollar américain) contre 429 462 562 946 CDF ( 257,31 millions USD au taux moyen annuel de 1669 Francs congolais le dollar américain), soit un taux d’accroissement d’à peine 9,6% CDF, voire en légère baisse en devise américaine « , indique le ministère du Budget.
Il insiste sur le fait que » ces projections tablent sur une production journalière de 29.400 barils, au cours moyen de 68,58 USD sur le marché international avec une décote de 3 USD le baril et sur des charges déductibles de 35% ».
NSUMBU Ange