Le stade des Martyrs de la pentecôte de Kinshasa est sous menace de fermeture par la confédération africaine de football (CAF). Une menace qui intervient après l’avertissement d’il y a quelques mois, suite à deux visites des Inspecteurs de la CAF sur la conformité des stades africains qui abritent les compétitions internationales.
Le constat des Inspecteurs a été amer : la pelouse du temple de football est trop ancien, démodé, usé. L’éclairage n’est pas suffisant et le stade n’a pas de garanties de sécurité. Des recommandations ont été formulées quant à ce. L’avertissement a été fait, des menaces ont suivi des mois plus tard.
En novembre, le Premier Ministre du Gouvernement congolais avait effectué une visite en ce lieu qui réunit les Congolais autour du ballon rond, lorsque la CAF avertissait sur le mauvais état de l’entre de la commune de Kinshasa. Sylvestre Ilunga était accompagné du Ministre des sports et loisirs Amos Mbayo, du Président de la Fédération congolaise de football (Fécofa), Constant Omari. Les adulés du football avaient vu en cette visite, la volonté manifeste du Gouvernement d’anticiper pour éviter le pire. Pourtant!
Goût d’inachevé
Depuis novembre, rien n’a été fait. Même pas des mesures d’urgence en perspective. Apparemment, rien n’est encore envisagé. Cependant, les compétitions africaines dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) pointent déjà à l’horizon. La CAF se verra obligée de délocaliser les matches des Léopards pour Lubumbashi, au stade Tout-puissant Mazembe dans la commune de Kamalondo. C’est l’unique stade au pays qui réponde aux normales universelles, avec une pelouse de la dernière génération.
Un tel scénario, en cas de fermeture du temple des Martyrs, est aux conséquences incalculables. Le football est la seule activité qui réunisse toute la population de tout bord, de toutes les couleurs politiques. Les obliger de suivre ce genre de rencontres à la télévision, alors qu’ils sont habitués depuis toujours à les vivre en live, créerait des remous.
Le stade des Martyrs a une capacité de quatre-vingts milles places assises, alors que celui de Kamalondo ne peut contenir que vingt milles spectateurs.
Les Léopards seront ainsi privés de leurs supporters naturels très nombreux, pour se contenter de quelques Lushois en petit nombre, ne maîtrisant pas correctement le modus vivendi et operandi des fauves congolais.
Des frustrations
Cette délocalisation impactera à coup sûr sur le mental des joueurs habitués avec leur temple de la commune de Kinshasa, plus vaste, rempli dedans et dehors, tout le parage en ébullition. Pourtant le stade fait des recettes, abrite des campagnes d’évangélisation, des meetings politiques payants. Les Congolais se demandent où vont toutes ces dividendes. Ce stade a failli être fermé depuis bien longtemps, n’eût été l’intervention de Constant Omari, Président de la Fécofa et Premier Vice président de la CAF. Mais la Rdc a abusé de la bonne volonté de la première instance africaine de football.
Il y a quelques années, le stade des Martyrs était le quatrième en Afrique. Mais par manque d’entretien, aujourd’hui il n’est même pas compté parmi les Top 50.
Contrastes
Le Rwanda, voisin de la RDC, a actuellement un de meilleurs stades africains modernes. Il est en bonne position pour accueillir la finale de la Ligue des champions africaine, la plus prestigieuse compétition du continent. La visite des dirigeants de la CAF récemment au pays de mille collines, en dit long.
Le Congo-Kinshasa, potentiel scandale géologique, producteur mondial de plusieurs minerais, n’a pas un seul stade moderne. Celui de Lubumbashi est privé. Jusqu’à présent, le pays n’a aucune ambition pour organiser ne fût-ce que le championnat d’Afrique des Nations (CHAN), avant même de parler de la CAN, par manque des infrastructures. Parce que vous y arriver, il faut compter plus de quatre stades modernes. Celui de Tata Raphaël ressemble à un simple terrain d’entraînement. Les Municipaux sont toujours inachevés et les travaux arrêtés. Même s’ils étaient finis, ils n’abriteraient les grandes compétions.
Le stade Kashala Bonzola est toujours inachevé, lui aussi ne peut accueillir les matchs internationaux, parce qu’il est déjà décousu, avant même d’être achevé.
Le Gouvernement est donc appelé à mettre les bouchées doubles pour éviter de courroucer les spectateurs du football, en leur privant des matches internationaux dans les jours qui suivent. L’achat du gazon synthétique à l’étranger, son acheminement jusqu’à Kinshasa et sa pose prennent suffisamment des mois. Les Kinois se demandent par quelle magie la Rdc s’en sortira avant les dates fixées pour les compétitions.
Déjà le peuple vit une crise sociale, il sera prudent de l’épargner d’autres frustrations. Quand ça ne va pas en politique, la population est consolée par le football quand les Léopards jouent et gagnent, les Congolais s’en réjouissent et oublient leur faim et leurs tendances. Il n’est pas gai d’accumuler leurs soucis.
Édouard Bajika