L’ancien Premier ministre de la RDC, Adolphe Muzito, soutient dans dans sa vingt-quatrième tribune que la pandémie de Coronavirus n’amène pas seulement des morts, arrêts de travail ou de la marche du monde. Cette maladie offre aussi une opportunité aux pays pauvres, comme la RDC, de voir leurs dettes extérieures être annulées, de bénéficier de l’aide extérieure et des dons des partenaires multilatéraux.
La RDC ne peut, cependant, surfer sur cet élan de solidarité qui se dégage sur la scène internationale que si elle élabore un plan de développement structuré qu’elle présentera aux différents partenaires bi et multilatéraux pour avoir sa côte-part de chaque enveloppe disponibilisée pour les pays pauvres.
Adolphe Muzito est donc convaincu que, « avant COVID-19 ne sera pas après COVID-19 ».
24EME TRIBUNE DE MONSIEUR ADOLPHE MUZITO
2.500 milliards de dollars US d’aide internationale pour le choc de COVID-19 :
« Quid de la part de la RDC dans la cagnotte » ?
La Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développent » CNUCED « , a demandé, le 30 mars 2020, que les pays en développement reçoivent une aide 2.500 milliards dollars US, pour supporter le choc sanitaire et économique du COVID-19, et notamment que 236 milliards des dollars US de la dette africaine soient reportés ou annulés.
La pandémie de Coronavirus frappe de plein fouet les pays en développement où habitent les deux-tiers de l’humanité.
Les pays en développement vont connaître une forte baisse des prix des matières premières dont le cuivre (-20%), le pétrole (-59%), le coton (-20%).
Les monnaies vont chuter davantage soit (-5%) pour le Kenya, (-15%), pour le Nigeria (-20%) pour l’Afrique du Sud, sans compter la baisse des recettes fiscales.
I. LES OPPORTUNITES D’AIDE INTERNATIONALE POUR LA RDC
-1000 milliards des dollars US, sous forme des droits de tirage spéciaux du FMI et d’apport en devises fortes.
-1000 milliards des dollars US d’aide en faveur des pays en grande difficulté, sous forme d’un arrêt des remboursements des dettes des Etats, suivi d’une réduction significative de celles-ci.
- 500 milliards des dollars US, pour un plan Marshall sous forme des dons, afin de renforcer les services de santé et de création des systèmes de protection sociale.
- 50 milliards des dollars US, mis à disposition par le FMI au titre de mécanisme de financement d’urgence à décaissement rapide par les pays à faibles revenus.
-14 milliards des dollars US de la Banque Mondiale pour le soutien aux économies faibles et à la protection des emplois menacés par la récession liée au COVID-19.
II. LES ATTENTES DE LA RDC SUR L’AIDE INTERNATIONALE
Ce que l’État congolais peut tirer de ces opportunités de l’aide internationale dépend de 4 facteurs :
- La vision et les ambitions que les hommes au pouvoir fixent à la nation,
- La capacité du pays à relever les défis qui le concernent et à engager les réformes dont il a besoin pour créer les Conditions de son éligibilité aux différentes allocations des ressources internationales,
- La qualité du programme à présenter aux bailleurs des fonds : sa cohérence et son niveau d’intégration.
- Les opportunités que la RDC pourra mettre sur la table pour attirer l’aide de la communauté financière internationale et les ressources des marchés financiers.
(1) A propos de la vision et des ambitions du pays :
- La RDC doit présenter une vision globale de l’action qu’il veut conduire dans le court, moyen et long termes sur les questions suivantes :
- Le système sanitaire,
Le déficit de l’Etat, lequel concerne :
- Les déficits des finances du pouvoir central et des finances provinciales ;
- Le déficit de l’économie publique (Entreprises publiques);
- Le déficit du secteur financier qui comprend les difficultés de la Banque Centrale, du marché monétaire et des capitaux.
- Le secteur domanial ;
- Le domaine de l’économie privée ;
- Le domaine des infrastructures de base et sanitaires nécessaires à la diversification de l’économie et à sa résilience aux chocs exogènes.
(2) A propos des défis et des réformes :
Les défis de la RDC et les réformes que celle-ci implique concernent :
- Le domaine politique, institutionnel, administratif et territorial.
- La séparation institutionnelle des pouvoirs, la transparence et la sécurité judiciaire.
- Le domaine économique, financier et monétaire qui nécessite les réformes de la Banque Centrale, du système financier, des entreprises publiques et de la gouvernance minière.
- Le domaine social et sanitaire
(3) À propos de la qualité du programme
Bien que la priorité reste aujourd’hui la riposte contre la crise sanitaire et économique liée au COVID-19, la RDC doit disposer d’un programme intégré et chiffré à présenter à la nation et à la communauté internationale qui comprend les actions à financer à court, à moyen et à long terme.
Ces actions vont porter sur la riposte au Coronavirus (les produits médicaux, casques, tests, équipements sanitaires, infrastructures sanitaires), et sur les infrastructures de base du pays, dont dépendent la diversification de l’économie et sa résilience, en passant par la récession et la faillite de l’État auquel il faut apporter un soutien financier.
(4) A Propos des opportunités qu’offre la RDC.
Il s’agit des opportunités dans les secteurs suivants :
- Secteur public :
Les entreprises publiques qui offrent la possibilité d’attirer les capitaux frais pour le pays.
- Secteurs minier et pétrolier :
Les actifs miniers et pétroliers dont la certification et la titrisation peuvent permettre au pays de mobiliser sur le marché financier, plusieurs dizaines de milliards de dollars US.
Faible niveau d’endettement :
Avec un PIB de 55 milliards de dollars US, la RDC a une dette publique extérieure de 3,5 milliards de dollars US et un bon ratio en pourcentage de PIB de 6%. Le ratio du service de la dette est inférieur à 15% (0,25%).
En termes des difficultés de faire face au service de la dette, la RDC est en bonne position par rapport aux pays ci-après :
- L’Egypte, pour 2020 : 100 milliards des dollars US, soit 40% de son PIB ;
- Le Nigéria, 47 milliards de dollars US, pour 2020 soit 1% de son PIB ;
- Le Madagascar, 1,6 milliard de dollars US soit 10% de son PIB.
III. Eligibilité de la RDC aux allocations de la communauté internationale.
La RDC peut tirer de cette opportunité financière que lui offre la communauté internationale :
-Le financement de son déficit et le soutien à l’économie.
Une requête sur les 14 milliards de dollars US de la Banque Mondiale pour le financement de l’économie en récession et le secteur sanitaire ainsi que le système de protection sociale.
-Les appuis à la balance des payements et au budget de l’Etat. Une requête à ce sujet est nécessaire pour un décaissement sur les 50 milliards de dollars US, destinés au financement d’urgence du FMI, dans le cadre du programme en perspective avec cette institution.
Pour les infrastructures, lever 20 milliards de dollars US sur le marché financier pour financer les infrastructures de base.
La RDC a, en effet, une capacité de mobiliser de 30 à 40 milliards de dollars US sur le marché international.
Conclusion :
Après COVID-19 ne sera pas égale avant COVID-19 !
La pandémie n’aura été que la partie visible de l’iceberg qui cache la pauvreté du pays, sa vulnérabilité, la faillite des finances de l’État et des provinces, la faiblesse de sa monnaie et de son système financier. Coronavirus nous donne l’occasion de concevoir et de mettre en application un vrai programme de construction et de développement du pays.
Celui-ci doit aligner, comme objectif prioritaire, la riposte contre la pandémie, le soutien à l’économie et au système de sécurité sociale.
Ledit programme doit avoir pour objectifs en moyen et long termes : -de sortir l’État de sa situation de cessation des payements,
-d’engager un plan ambitieux de construction des infrastructures de base.
- La RDC en a la capacité, grâce à sa virginité financière et à ses potentialités en ressources minérales.
La conception de toutes ces réformes et leur mise en application, nécessitent l’adhésion de toute la nation ainsi que le consensus entre la minorité au pouvoir et la majorité populaire représentée par LAMUKA.
Fait à Bruxelles, le 2 avril 2020
Adolphe Muzito Premier ministre honoraire
Un commentaire
Regrettable quand tu nous parle ainsi, rappelle toi d’abord de ce que tu avais réalisé comme résultat quand tu était appelé autrefois premier ministre. N’oublie pas que le passé de l’homme c’est sont histoire Monsieur MUZITO.