L’ampleur du COVID-19 semble effrayer certains hommes de Dieu qui ont du mal à l’affronter spirituellement. Tous, presque, sont oisifs et ont décrété sans le dire une « grève des miracles » jusqu’à la fin du Coronavirus avant de reprendre les prodiges.
La République démocratique du Congo (RDC) vit la période la plus critique de son histoire, paralysée par une pandémie planétaire qui décime le monde. Depuis plus de trois semaines, la nation toute entière a vu le rythme de vie stoppé net. Tout est à l’arrêt. C’est le mode actuellement, l’État d’urgence oblige.
Les mesures et règles d’hygiène annoncées par le Chef de l’État ont confiné les Congolais, chacun dans son coin. Même les cultes religieux sont suspendus afin d’endiguer la propagation du virus. Ces mesures seront certainement revues dans un sens ou dans l’autre. Majoritairement chrétienne, la nation congolaise est privée de ses prédications, intercessions et adorations à longueur des journées. Les chrétiens et leurs dirigeants spirituels en souffrent. Les pasteurs surtout.
Certains responsables des églises auraient souhaité que tout soit suspendu, sauf les offices religieux. « Nous devons prier pour que la pandémie disparaisse dans notre pays », suggère un diacre d’une église de réveil. Ceux des pasteurs, qui savent manipuler les téléphones androïdes, font des prêches en ligne.
Record des églises
La RDC est réputée un pays où la population crie vers le ciel chaque jour qui passe.
Les églises y pullulent et croissent comme des champignons. On en compte quatre à huit sur une même avenue. Les choses ne sont pas réglementées de ce côté là. Les hommes de Dieu évoluent en ordre dispersé.
Lors des campagnes d’évangélisation et les autres célébrations, les pasteurs promettent des « miracles » à leurs ouailles.
Dans leur marketing religieux, ils invitent les uns et les autres à venir expérimenter la puissance de Dieu qui opère des prodiges.
« Quand nous prions, les boiteux marchent, les sourds entendent, les aveugles voient, les malades sont guéris », témoigne Justin Mambo, évangéliste de son état.
Curieusement, aucun pasteur ne prend l’initiative de conjurer publiquement la pandémie du COVID-19. Ils estiment que la suspension des cultes est un handicap pour réunir les fidèles et prier pour la fin du virus.
Pourtant, Jésus pouvait guérir au moyen de la parole, sans ‘nécessairement entrer en contact avec les nécessiteux.
» C’est le moment où tous les hommes de Dieu pouvaient bien faire le miracle en priant pour la fin du virus. Ils se sont casés chacun dans son coin, réclamant les offrandes via m-pesa et orange money », déplore Pierrot Ngandu, analyste politique.
Qui ajoute :
» Ils attendent la fin du COVID-19 pour reprendre les miracles. Pour le moment, ils sont en grève, alors que c’est maintenant où nous avons besoin de leurs miracles « .
Un temps pour tout
Les observateurs concluent qu’en RDC, les miracles sont saisonniers dans les églises. Et d’autres personnes d’ironiser :
» Les prodiges se programment, ils ne sont pas instantanés là où il y a besoin « .
De toute évidence, les pasteurs ont des maladies qu’ils guérissent. À voir comment ils tâtonnent, ils sont impuissants devant le Coronavirus. » L’attitude rechignante des hommes de Dieu, pendant cette période tragique, laisse à penser qu’ils choisissent les sujets qui peuvent faire objet de leurs prières, tandis que certains cas leur passent par dessus la tête « , regrette Daddy Mikobi, agent au secrétariat général des Sports.
L’évangéliste Claude Walesa a fait sa part en s’offrant un show, un spectacle médiatisé, cependant interprété diversement. L’homme de Dieu est allé implorer la miséricorde de Dieu dans un étang d’eau stagnante, mouillant ainsi ses habits avec cette eau sale. Il a ainsi prié pour conjurer la propagation du COVID-19, en imitant l’exemple du roi David qui se jetait de la cendre sur la tête.
Mais, beaucoup d’observateurs ne comprennent pas pourquoi Walesa doit s’amener avec des cameramen quand il faut prier pour la nation. D’autres Kinois qualifient ce spectacle de » m’as-tu vu « , destiné à la consommation du public.
Une initiative commune
Il manque une coordination des idées au niveau des églises pour déclarer avec foi l’endiguement du Coronavirus.
C’est tout ce qui manque aux responsables des églises de la RDC. Zpparemment, certains pasteurs ont peur du COVID-19. Mais, ils devaient prendre le risque de l’attaquer spirituellement, étant donné que le pays est réputé nation où la plupart de la population prie matin-midi-soir. « Attendre la fin du COVID-19 pour renouer à nous casser des oreilles avec des discours sur les miracles, est une aberration », estime un catholique.
Edouard Bajika