Interview exclusive que Jean-Jacques Wondo Omanyundu a accordé à Politico.CD
Pendant toute la période électorale au Congo-Brazzaville, Politico.CD vous donne les clés pour comprendre les implications, les défis et les enjeux pour la RDC.
Pour le cas du Congo-Brazza, il est difficile d’avancer une prospective sécuritaire claire après l’adhésion de l’opposition aux règles du jeu imposées par Sassou. Le fait que l’opposition accepte les résultats du référendum et s’aligne dans la course électorale dilue fortement la menace de voir ce pays sombrer dans un grand conflit sécuritaire identique à celui de 1997-1998. Car en accédant dans une logique politico-juridique de lutte politique contre Sassou, l’opposition semble privilégier plutôt une voie pacifiste de règlement des différends politiques à la voie armée, même si cette dernière reste présente, mais dont l’impact me semble moins important qu’en 1997. On risque d’avoir des troubles localisés qui pourraient vite être circonscrits, malgré l’alignement du Général Mukoko qui n’a pas vraiment le contrôle des forces de sécurité.
Pour moi, l’opposition congolaise-B a adopté une mauvaise stratégie en acceptant les résultats du référendum de Sassou. Elle devrait mettre en place une stratégie de contestation de ce référendum en multipliant des actions sur le terrain pour paralyser les activités politiques et forcer Sassou à faire profil bas. De ce fait, on peut croire que la future contestation post-électorale au Congo-B aura les mêmes allures que les contestations post référendum : Des dérapages sécuritaires limités. Il sera difficile de défaire le dispositif sécuritaire mis en place par Sassou, à moins d’une révolution de palais.
La différence entre 1997 et 2016 est qu’en 1997, Lissouba était un Président sans troupes et il lui était quasiment impossible de résister à la rébellion de Sassou qui gardait encore le contrôle effectif de l’appareil sécuritaire. Ce qui n’est pas vraiment le cas des concurrents politiques de Sassou aujourd’hui, hormis Mukoko et André Okombi Salissa dans une moindre mesure
D’autre part, malgré l’ampleur des violences au Congo-B, les troubles de 1997 ont causé peu de dégâts en RDC et n’ont eu aucun impact politique et sécuritaire chez nous, hormis quelques obus isolés tombés ici ou là.
Pour le cas de la RDC, ce qu’il faille craindre est plutôt que le départ de Kabila et son remplacement par un Président qui n’a pas le contrôle de l’armée et des services de sécurité puisse occasionner une guerre civile similaire à celle du Congo-B des années 1990.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu est expert et analyste des questions politiques et sécuritaires de la RDC et de l’Afrique médiane. Diplômé de l’École Royale Militaire (Belgique), il est également détenteur d’un Master en criminologie de l’Université de Liège et d’un postgraduate en science politique de l’Université libre de Bruxelles.
Principales publications
- Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC (2013)
- Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ? (2014).
- Il diffuse ses analyses notamment sur son site internet: http://desc-wondo.org/