Le Président de l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), Georges Kapiamba ne jure que sur l’audition du Questeur du Sénat, le Sénateur Éric Rubuye. L’activiste des Droits de l’Homme appelle la Justice congolaise à « poursuivre son enquête sur l’origine de fonds que le Questeur Éric Rubuye a remis à plusieurs sénateurs dans son bureau privé ». À en croire Georges Kapiamba, le Questeur du Sénat a tenté de corrompre les sénateurs en échange du vote de la pétition contre le Premier Vice-président du Sénat, Samy Badibanga, proche de Félix Tshisekedi.
« Nous avons été alerté par certains sénateurs et agents du Sénat qui nous ont informé qu’à la dernière séance de clôture de la dernière session du Sénat, le président Alexis Thambwe Mwamba avait décrété le huit-clos pour s’entretenir avec les sénateurs. Au cours de ce huit-clos, le Questeur Rubuye avait alors annoncé aux sénateurs l’obtention de la somme de 100 000 USD pour chacun d’eux. Après les vacances parlementaires, le Questeur a reçu les sénateurs dans son bureau privé pour remettre à chacun une avance de 10 000 USD sur les 100 000 promis, contre la signature d’une décharge disant aux sénateurs de voter plus tard pour une pétition contre Samy Badibanga. Une opération qui s’avère une corruption de sénateurs. C’est ainsi que la Justice va se mêler », explique à POLITICO.CD, Me Georges Kapiamba.
Dans une correspondance adressée jeudi 7 janvier au Vice-Premier Ministre de l’Intérieur Gilbert Kankonde et au Vice-Ministre de la Justice Bernard Takaishe, le Président du Sénat dénonce la tentative « d’enlèvement du Questeur Rubuye par « un groupe de personnes armées qui a fait irruption dans la résidence du Questeur du Sénat et a cherché à l’enlever ».
Pour Georges Kapiamba, il n’est pas question d’enlèvement. « Il y a eu des inspecteurs porteurs d’un mandat d’amener qui se sont présentés chez lui pour exécuter le mandat. Il y a eu une résistance. C’est alors que le Questeur Rubuye aurait profité pour s’échapper », révèle Me Kapiamba qui se réjouit tout de même « d’obtenir plus au moins un audit des comptes du Sénat ».
Pendant ce temps, le président du Sénat dit voir derrière ces agissements « la déstabilisation » des institutions en l’occurrence la Chambre haute. Thambwe Mwamba, au nom du bureau du Sénat, « s’indigne » et dit « protester » contre ces agissements.
« Le bureau du Sénat s’indigne et proteste contre cette façon d’agir. Il fait remarquer par ailleurs que les procédures d’arrestation cavalière des élus du peuple ne contribuent pas à asseoir l’État de droit tant prôné par le Chef de l’État, mais bien au contraire, elles n’ont pour effet que la déstabilisation des institutions », fait savoir Alexis Thambwe Mwamba dans sa correspondance adressée au Vice-Premier Ministre de l’Intérieur et au Vice-Ministre de la Justice.
Stéphie MUKINZI