Alors que les défections ne cessent d’être enregistrées dans les rangs du Front Commun pour le Congo (FCC), Augustin Matata Ponyo décrit le FCC comme un « mort-né » et, à l’en croire, « il ne fallait pas être prophète pour le prédire ». C’est du moins ce que l’on peut retenir de sa dernière tribune intitulée : « Ce que je pense: l’Union sacrée, est-ce le FCC bis ? »
L’ancien Premier Ministre nommé par Joseph Kabila analyse aujourd’hui avec des mots durs le FCC de l’ancien Président : Un simple examen de sa structuration à la création suffisait, selon Matata Ponyo, pour comprendre que cette plateforme « est une structure hétérogène, constituée notamment des opportunistes, qui ne pouvait jamais prétendre à l’unité ».
« Ce que je pense est que le Front Commun pour le Congo (FCC) était un mort-né, et je l’avais dit aussi tôt qu’il a été créé. Il ne fallait pas être prophète pour le prédire. Un simple examen de sa structuration à la création suffisait pour le comprendre : le FCC est un conglomérat de plusieurs groupements politiques et personnalités venant de tous bords. De la majorité présidentielle et de l’opposition. De la droite, de la gauche et du centre. Il y avait des lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes, bembistes, kengistes, kabilistes, et des opportunistes … Une structure hétérogène qui ne pouvait jamais prétendre à l’unité », tance Augustin Matata.
Matata Ponyo soutient que le Front Commun pour le Congo est né vulnérable puisque « sans âme ni esprit ». Avec des regroupements ayant des objectifs contradictoires, ponctués par l’absence d’un « idéal » commun, il était « difficile de tracer un plan et élaborer des méthodes et techniques » pour atteindre l’objectif que s’est assigné le FCC, à savoir de « faire élire de ses rangs un Président de la République ».
« Ce que je pense est que le FCC n’avait à sa création ni âme, ni esprit. Il ne l’a toujours pas et ne l’aura jamais, à moins d’un miracle. En effet, tous les groupements de partis regroupés au sein du FCC avaient chacun son idéal qui ne cadrait nécessairement pas avec celui des autres. Un corps sans âme, ni esprit peut-il vivre ou survivre ? Nullement. Bien plus, les objectifs des uns et des autres n’étaient pas les mêmes ! On peut les résumer en trois groupes principaux. Pour le premier, c’était de rester au pouvoir aussi longtemps que possible ; et pour y arriver, il faut changer la Constitution, la loi électorale et certains textes y afférant. Pour le second, par contre, il ne fallait rien changer ; seule l’amélioration de la gouvernance suffisait pour atteindre les objectifs recherchés. Pour le troisième, c’était question de se refaire une santé financière et constituer le butin pour se faire élire en 2018, quel qu’en soit le prix. Un regroupement avec des objectifs aussi contradictoires pouvait-il tracer un plan et élaborer des méthodes et techniques pour atteindre ses objectifs ? Difficile de le croire », s’interroge Matata Ponyo.
Et pour ce Sénateur, le FCC devait disparaître aussitôt que son échec aux élections générales de 2018 a été consommé. À défaut, Matata Ponyo estime qu’une structuration « profonde » pouvait servir le FCC à « retrouver l’âme et l’esprit ».
« Ce que je pense est que le FCC, créé principalement pour faire élire de ses rangs un Président de la République à fin décembre 2018, devait disparaitre aussi tôt l’échec consommé. Comme tout le monde le sait, le candidat président du FCC, issu du PPRD, a été battu à plate couture en dépit de tous les moyens mis à sa disposition. Aucun candidat en lice n’a eu autant de moyens et d’appui politique que lui. Malheureusement, le candidat le plus nanti n’a été en mesure de gagner les élections. Dès cet instant, le FCC devait soit disparaitre au profit d’une autre organisation qui devait être créée, soit se structurer profondément pour retrouver l’âme et l’esprit ainsi qu’un objectif commun capable de mobiliser tous les acteurs politiques de la corporation. A défaut, ce qui est arrivé était plutôt prévisible », déduit Matata Ponyo, avant de souligner « qu’on ne reconduit pas une équipe qui perd ».
Stéphie MUKINZI